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croix ; usage qui, accompli avec foi, équivaut à la confession du nom de Jésus crucifié[1]. — Les jeûnes furent établis comme de puissants auxiliaires à la prière par notre Seigneur lui-même et les Apôtres : l’Église n’a fait que les régler, leur donner une forme commune. Les protestants n’en observent aucun. Ceux qui vénèrent tant la Bible ne lisent-ils pas cependant dans l’Ancien Testament que ce n’est qu’après un jeûne de quarante jours que Moïse et Élie parvenaient à la contemplation de Dieu, et dans le Nouveau Testament la vie de Jean-Baptiste n’est-elle pas un jeûne perpétuel, modèle et origine de la vie célibataire et sublime du cloître qu’ils n’admettent pas non plus ? Le Précurseur, père de nos premiers solitaires d’Orient, mérita d’être appelé par notre Sauveur le plus grand d’entre les enfants des femmes. Lui-même n’a-t-il pas jeûné dans le désert au jour de la tentation ? Dans les Actes des Apôtres, ne voyons-nous pas qu’avant d’aller propager la foi, ils s’y préparaient d’abord par la prière et le jeûne ? « Pendant qu’ils sacrifiaient au Seigneur et jeûnaient, le Saint-Esprit leur dit : Séparez-moi Saul et Barnabé pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés. Alors, jeûnant et priant, ils leur imposèrent les mains et les laissèrent partir[2]. » Que de témoignages semblables on peut tirer des épîtres seules du grand Paul, quoique quelques-uns prétendent, par des textes tronqués, s’appuyer sur son autorité pour infirmer la nécessité de l’observance du jeûne. Il suffit d’en citer ce précepte si souvent transgressé : « Si ce que je mange scandalise mon frère, je ne mangerai jamais aucune viande pour ne pas scandaliser mon frère[3]. » Voilà pourquoi nous nous préparons également par le jeûne et la prière aux grandes solennités de notre foi, telles que Pâques et Noël. Comme notre Seigneur et ses prophètes, nous jeûnons pendant quarante jours. Nous honorons par un carême la prédication des Apôtres commencée par le jeûne. Nous en avons un avant la bienheureuse assomption de la Vierge très-pure, qui a commencé et terminé ses jours ici-bas dans le jeûne et la prière.

Les protestants regardent encore comme inutiles les prières que de tout temps l’Église ne cesse d’adresser au ciel matin et soir. Ils

  1. Saint Basile a écrit sur l’importance des coutumes de l’Église et spécialement sur le signe de la croix. Nos dogmes et nos usages ont leur origine soit dans la loi écrite, soit dans la tradition apostolique. C’est de cette dernière source, par exemple, que nous tenons le pieux usage de nous couvrir du signe de la croix. Je le demande, qui est-ce qui a pu l’apprendre dans l’Écriture ?
  2. xiii, 2.
  3. 1 Corinth., viii, 13.