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gneur ressuscité apparut au milieu de ses disciples, toutes les portes du lieu où ils se tenaient étant fermées ; et ils ne veulent pas qu’il ait usé de la même force divine en daignant s’incarner dans un flanc virginal sans le maculer. Il convenait cependant que cela fût ainsi. Notre Seigneur Jésus-Christ est descendu sur terre pour notre salut, a vécu, est mort comme un homme ordinaire ; mais pourtant il naquit, il vécut, il mourut comme un Dieu seul pouvait le faire ; il fallait que toutes ses actions humaines soient marquées du sceau de sa divinité. D’où vient chez les protestants cette révolte manifeste contre les dogmes, les lois de l’Église fondées entièrement sur l’enseignement évangélique ? Ah ! c’est qu’en renonçant au sacerdoce, ils ont renoncé en même temps à cette sainte tradition de l’Église que les Apôtres nous ont tant recommandée dans leurs épîtres de respecter, à laquelle nous sommes redevables de la conservation même des saintes Écritures. Les protestants, en rompant ce lien sacré qui unit les temps apostoliques aux nôtres, qui fait toute la force de la société régie, sous l’inspiration du Saint-Esprit, par ses légitimes pasteurs, ont perdu en même temps l’intelligence correcte de l’Église elle-même[1]. Ils essayèrent de remplacer par leurs progrès arguments le vide subit que le rejet des traditions de nos Pères a produit dans leur doctrine ; mais ce déchirement de liens séculaires, consacrés par l’autorité des Pasteurs, des Docteurs de l’Église et celle des canons des conciles, ne pouvait rester impunie. Il a fatalement empoisonné même ce qu’ils s’imaginent avoir conservé intact. Ils prétendent s’en tenir à l’Écriture, et leur interprétation arbitraire a corrompu les vérités les plus fondamentales qui en découlent directement. Nous l’avons vu par rapport aux sacrements qui tous ont été institués par notre Seigneur et les Apôtres : sans le sacrement de l’ordre, ils restent complétement privés de toute consécration, car il en est la source. Nous l’avons vu par rapport aux dogmes, comme la communion des Saints, la commémoration des Morts. Nous allons encore le juger par rapport aux rits extérieurs qu’ils ont presque entièrement anéantis, oubliant que l’homme, composé d’une âme et d’un corps, a naturellement besoin de stimulants extérieurs pour s’élever vers les régions supérieures, et que les sacrements eux-mêmes consistent en un signe visible représentant une grâce qui ne l’est pas.

La plupart d’entre eux vont jusqu’à rejeter le plus fréquent, le plus caractéristique des usages chrétiens, celui de faire le signe de la

  1. On peut consulter avec fruit sur ce point : « A Letter to a protestant friend on the Holy scriptures, by Demetrius Galitzin. (Note du traducteur.)