Page:Galitzin – Luther condamné par Photius, paru dans Le Correspondant, 1855.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.

elle cette œuvre d’amour, et, suivant l’antique tradition apostolique, elle offre pour eux le sacrifice salutaire du corps et du sang de Jésus-Christ, qui apporte du soulagement à ceux qui souffrent encore et augmente la joie spirituelle de ceux qui sont déjà bienheureux[1]. »

Les protestants ne croient pas à cette communication mystérieuse entre les deux Églises, entre celle qui est visible sur la terre et celle qui est invisible dans les cieux. Non-seulement ils considèrent comme inutiles nos prières pour les défunts, mais ils vont jusqu’à nous blâmer d’invoquer les saints qui intercèdent constamment auprès de Dieu pour nous. Étrange chose ! Tant que mon prochain est revêtu de la chair humaine, je puis lui dire : Prie pour moi ! Je suis entraîné surtout à le demander à celui dont la piété m’édifie. Et quand, dépouillé de la forme terrestre, cet homme sera plus près de Dieu, qui n’est qu’amour, il me serait défendu de le lui répéter ! — On dit que leur médiation est inutile, parce que Dieu sait qui sauver dans les prières de ses saints ; mais alors toute prière serait vaine. Le Seigneur a dit, en effet, qu’avant que nous lui demandions quelque chose, notre Père céleste sait ce qu’il doit nous donner ; mais malgré cela il nous a ordonné de prier, les Apôtres ont recommandé la prière réciproque, conjuraient les fidèles de leur temps de les aider par leurs prières[2]. La prière est l’expression la plus haute de l’amour. Les saints portent nos aspirations au Christ, en complètent l’insuffisance par la pureté de leurs élans. La prière persévérante du juste peut beaucoup, dit l’apôtre saint Jacques[3]. Nous voyons souvent dans les annales saintes des villes entières, condamnées à périr, être sauvées en considération d’un ou plusieurs justes[4]. Les

  1. S. A. S. la grande duchesse Hélène, si remarquable par son esprit et son amour pour les lettres, a fait récemment traduire en français du grec et du slavon les prières à l’usage des chrétiens de l’Église orthodoxe catholique d’Orient. Ce gracieux volume contient les plus touchantes oraisons pour les défunts et je ne saurais résister au bonheur d’en citer une :

    « Souvenez-vous, Seigneur, des âmes de ses serviteurs trépassés : de mon père, de ma mère, de tous mes parents selon la chair. Pardonnez-leur tous leurs péchés volontaires et involontaires ; faites-les participer à votre royaume céleste, à vos incorruptibles biens, afin qu’ils soient appelés à jouir de la vie bienheureuse dans l’éternité.

    « Ô Vierge très-pure et sans tache, qui avez donné le jour d’une manière toute miraculeuse au Dieu sauveur de nos âmes, priez pour celui que nous vous recommandons. » (Note du traducteur.)

  2. Rom. xv, 30.
  3. Voy. v, 16.
  4. Genès. xviii, 26.