Page:Galitzin – Luther condamné par Photius, paru dans Le Correspondant, 1855.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tuelles et corporelles par le sacrement de l’extrême-onction ; par la confession, elle le délivre du fardeau de ses péchés ; quand l’heure de sa mort approche, elle lui apporte le saint viatique et ne cesse de l’accompagner de ses prières et de ses bienfaits jusqu’aux portes de l’éternité. Quelle richesse spirituelle, quelle sollicitude maternelle d’un côté, — quel dénûment, quelle insouciance de l’autre ! Est-il besoin de faire encore ressortir d’autres contrastes ? Ils ne sont que trop frappants.

La piété de l’Église ne cesse de guider, de purifier, de sanctifier, d’entourer ses enfants de consolations, du berceau à la tombe. À peine l’enfant est-il venu au monde que le prêtre récite déjà une prière sur sa tête et sur celle de sa mère. À peine mis au nombre des chrétiens, on s’empresse de le faire participer aux saints mystères, afin qu’il se nourrisse de cette nourriture céleste en même temps que du lait maternel. Un chrétien est-il malade, l’Église implore en commun sa guérison. Est-il dans la joie, elle lui prête ses accents pour louer Dieu. Elle a des prières particulières pour les époques inclémentes, elle parcourt elle-même les champs pour y attirer l’abondance. Avez-vous construit une nouvelle habitation ? vous disposez-vous à entreprendre un voyage ? L’Église répandra sur vous et tout ce qui vous appartient une bénédiction spéciale. Qui est-ce qui peut énumérer ses bienfaits, exprimer sa tendresse ? Son amour a tout prévu, il ne nous abandonne dans aucune circonstance de notre existence ; il n’est pas limité comme elle et nous suit même au delà de la tombe.

« Quand un protestant a rendu le dernier soupir, on prie pour lui seulement en l’enterrant, on le laisse ensuite et pour toujours sans prières, ce qui est une contradiction manifeste ; car, si la prière n’est pas utile à son âme, il ne faut pas prier du tout ; mais, si elle lui apporte du soulagement, il ne faut jamais la discontinuer, et, après avoir mis le corps en terre, ne pas moins songer à l’âme du défunt : il n’en est pas ainsi dans l’Église orthodoxe. Dès qu’un de ses enfants a fermé les yeux, elle ne cesse plus de chanter des psaumes, de réciter des panikides[1] pour son repos ; elle prolonge perpétuellement cette œuvre de miséricorde en offrant à la messe une portion du pain d’oblation en faveur des défunts, parce qu’elle croit fermement que sa prière leur est utile. Elle sait que les âmes quittent cette vie dans différents degrés de péché ou de perfection, et, comme elles sont privées dans l’autre monde de la possibilité de satisfaire par elles-mêmes pour leurs fautes, l’Église prend sur

  1. Prières spéciales pour les défunts.