Page:Galitzin – Luther condamné par Photius, paru dans Le Correspondant, 1855.djvu/10

Cette page a été validée par deux contributeurs.

hommes sans mission, sans avoir préalablement reçu le sacrement de l’Ordre, dont les Apôtres ont été revêtus par notre Seigneur, mettre la main, se faire les dispensateurs du sacrement redoutable qu’il a également institué.

Le sacrement de l’Ordre n’existant pas chez les protestants, celui de l’Eucharistie ne peut donc y exister, et ce ne sont pas les seuls sacrements qui leur manquent.

Quelles sont les dispositions qu’un chrétien doit apporter au mystère de l’Eucharistie afin de ne pas se rendre coupable, selon l’avertissement de l’Apôtre, et de ne pas manger sa condamnation et sa mort au lieu de recevoir un gage de salut et de vie éternelle ? Il doit y apporter un regret sincère de ses péchés, les rejeter de son cœur par la confession. Si un serpent se cachait dans notre sein, nous nous hâterions de l’en chasser, d’appeler à grands cris celui qui peut nous en délivrer. L’homme peut-il éprouver soi-même sa conscience, être son propre juge dans une œuvre aussi difficile que la connaissance de ses fautes ? Et, s’il parvient à les reconnaître, ne lui est-il pas bien salutaire de les avouer à un autre homme, sujet comme lui aux passions, mais consacré, pourvu d’un droit légitime, par la puissance qui lui a été donnée d’en haut, de nous juger dignes ou indignes de la réception du corps et du sang du Christ ? Le Seigneur a dit aux Apôtres : « Tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié au ciel, tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. » Ce pouvoir a été transmis, par l’imposition successive des mains, des Apôtres aux évêques, des évêques aux prêtres.

L’Église orthodoxe appelle ce sacrement un second baptême, parce qu’il efface les péchés commis après que nous avons été lavés de la tache originelle dans les eaux baptismales.

Les protestants n’admettent pas ce sacrement, indispensable pour une communion méritoire, en ce qu’il arrête ceux qui n’y sont pas préparés et les stimule à s’amender. Et il est utile de remarquer que, quand même ils voudraient le conserver, ils ne le pourraient plus. Chacun peut se repentir de ses fautes ; mais, pour les absoudre, celui-là seul le peut auquel la puissance a été donnée de lier et de délier.

Ils sont d’accord avec nous sur le sens des sacrements. Comme nous, ils disent qu’ils consistent en une grâce invisible, en un don de l’Esprit saint, qui nous est communiqué par un signe visible et extérieur ; mais, au lieu d’en avoir sept comme nous, ils n’en acceptent que deux, celui du baptême et celui du mariage. Nous avons vu que l’eucharistie n’est pas précédée chez eux par les sacrements