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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XIII, xi-xii.

attendu que l’articulation de l’épaule s’écarte beaucoup du thorax ; car, de même que le singe, animal doué d’une âme ridicule, a, pour ce motif, un corps tout à fait ridicule, de même l’homme, animal doué d’une âme raisonnable, et le seul être divin sur la terre, a un corps dont toutes les parties sont parfaitement construites, eu égard à la puissance de son âme. Nous avons montré plus haut (III, iii et iv, t. I, p. 224 et suiv.) que l’homme est le seul animal qui se tienne debout, et aussi que lui seul se sert habilement des mains. Ces avantages ne seront pas moins manifestes si on considère l’articulation de l’épaule, la figure de tout le thorax et la formation de la clavicule ; cela suffit pour montrer l’art de la nature. Mais ce qui me reste à dire le montrera plus manifestement encore.

Pourquoi la nature n’a-t-elle pas étendu une clavicule droite du sternum à l’omoplate ? Pourquoi, au contraire, l’a-t-elle faite, du côté du cou (σφάγη), convexe en dehors et concave en dedans, et du côté de l’omoplate, légèrement concave en dehors et convexe en dedans ? Cette disposition n’a pas été prise au hasard et en vain par la nature. La clavicule est concave du côté du cou par le même motif que le sternum lui-même est concave de ce côté, c’est-à-dire afin de fournir une place suffisante pour le passage des organes qui descendent de haut en bas ou qui montent de bas en haut à travers le cou. Lorsque la clavicule commence à s’éloigner du cou, elle dévie et se tourne peu à peu en avant, jusqu’au sommet de l’acromion, autant que l’extrémité de sa portion convexe s’était portée en arrière ; en sorte que si elle eut marché seulement en arrière, en se portant sur les côtés du cou, elle n’eût pas été assez distante de la poitrine.

Un petit os cartilagineux (voy. Dissert. sur l’anat. et Hoffm., l. l., p. 33), que vous chercheriez vainement sur les singes, unit la clavicule à l’épine de l’omoplate. Car ici, comme dans beaucoup d’autres circonstances, l’organisation du singe est inférieure à celle de l’homme. C’est pour un motif de solidité que l’homme a ici quelque chose de plus que le singe, attendu que l’extrémité des deux os n’est pas attachée seulement par des liens membraneux, mais qu’il existe un troisième os cartilagineux supplémentaire uni aux deux autres os adjacents par de forts ligaments sous lesquels il est caché. Pourquoi est-il cartilagineux, puisqu’il de-