Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
75
DE LA STRUCTURE DU RACHIS.

naître du cerveau, puisque de cette façon ils pourraient rester suspendus ? Mais s’il était préférable qu’ils naquissent du cou, pourquoi, négligeant les trois premières paires, a-t-elle tiré pour eux de la quatrième paire quelques filaments ténus, de la cinquième une portion considérable, de la sixième une autre moindre que cette dernière et plus forte que la précédente ? Elle aurait pu les engendrer des trois premières paires ou des trois dernières paires du cou, si elle pensait qu’il valait mieux former un faisceau en les tirant de plusieurs sources, afin que si une ou deux des racines venaient à être lésées, le diaphragme eût, du moins, la dernière qui fonctionnât. Il est de toute évidence que les nerfs issus de la moelle cervicale sont plus forts, et, par cette raison, plus propres à un mouvement actif. La nature a évité d’établir leur principe près du thorax, pour leur épargner la flexion anguleuse qu’ils auraient été obligés de subir pour se diriger vers les membranes qui divisent le thorax le long desquelles[1] ils devaient être fixés en descendant vers le diaphragme (XIII, v, p. 67). Nous avons montré, en effet (XIII, iii, p. 55), que ce n’est pas des parties antérieures, mais des parties latérales du rachis que naissent les nerfs. Issus des régions du rachis que nous indiquons, les nerfs phréniques dans leur marche vers le centre du thorax (car c’est là que sont les membranes qui le divisent), ont une position légèrement inclinée ; nés des régions plus inférieures ils auraient fait une courbe. C’est pourquoi chez les animaux dont le cou est plus long que celui du singe, il ne vient au diaphragme absolument rien des nerfs de la quatrième paire issus de la moelle, ni de la cinquième chez ceux qui ont le cou excessivement long[2] ; car la nature paraît toujours éviter les longs trajets, non-seulement pour les nerfs, mais encore pour les artères, les veines et les ligaments. La longueur que la quatrième

  1. Le texte porte καθ᾽ὄν (sc. θώρακον), mais il est évident qu’il faut lire καθ᾽οὕς (sc. ὑμένας). L’anatomie exige cette leçon, confirmée d’ailleurs par un passage parallèle de Galien (liv. XIII, chap. v, p. 65) et par une des phrases qui suivent celle qui nous occupe.
  2. Ces propositions sont-elles purement théoriques, ou reposent-elles sur des faits d’observation ? C’est ce qu’il m’est difficile de décider dans ce moment. Des recherches ultérieures d’anatomie comparée me permettront sans doute, dans la Dissertation sur l’anatomie, de porter quelque lumière sur cette question.