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DE LA MÉTHODE THÉRAPEUTIQUE, À GLAUCON, I, x-xi.

irrité par la bile, surtout si, prenant une partie suffisante de ses sommités, vous les faites macérer dans de l’eau miellée (μελίκρατον. — Voy. p. 512 de mon éd. d’Hippocrate). Les bains chauds d’eau potable sont bons, parce qu’ils évacuent la bile en la faisant sortir [à travers les pores], et aussi parce qu’ils soulagent beaucoup en raison de leur propriété. En effet, tous les bains de cette espèce ont la faculté d’humecter et de rafraîchir. Les bains de mer[1], les bains salés, ceux où entre la soude brute, les bains sulfureux font, il est vrai, sortir plus de bile, mais sont beaucoup moins utiles que les bains d’eau potable. Il vaut mieux dire que, nuisant plus par leurs propriétés qu’ils n’aident aux évacuations, ces bains ne sont pas utiles. J’ai connu une personne qu’un faux raisonnement avait induite à user de ces bains. Bientôt son corps se dessécha, et elle s’épuisa tellement qu’elle mourut de consomption. Tout autre régime augmentait chez elle l’évacuation de la bile. On doit toujours opposer des qualités opposées à la qualité contre nature qui domine ; cela vaut beaucoup mieux que d’évacuer par n’importe quel moyen. C’est un précepte que le malade ignorait et qu’il n’avait appris de personne. Les bains doivent avoir pour but d’imbiber et d’humecter le corps. Il ne faut donc pas y mettre de soude brute, de sel, ni de moutarde, ce qu’on voit faire à beaucoup de médecins qui perdent leurs malades ; mais, après avoir versé de l’huile très-chaude dans l’eau potable, on plongera et on baignera les malades, et, s’ils le désirent, on leur permettra de nager autant qu’ils le peuvent. Pour ceux qui aiment les bains, vous ne faites pas mal de leur en accorder deux par jour ; mais rappelez-vous d’attendre pour cela le moment favorable. Quand apparaissent les signes de coction de la maladie, vous pouvez, sans danger, permettre des bains plus nombreux. Avant la coction de la maladie, défendez complétement le vin ; quand elle est commencée, donnez d’abord un vin léger, trempé et en petite quantité ; donnez-en davantage quand la solution de la maladie approche. Les aliments qui humectent et

  1. Les bains de mer sont humides, il est vrai, mais seulement par leur qualité d’être liquides ; loin d’humecter, ils dessèchent. Les bains d’eau potable sont doués de l’humidité radicale, celle qui ne se révèle pas seulement aux sens, mais qui existe comme propriété essentielle. (Étienne, p. 296.)