Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/733

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
721
DIAGNOSTIC DES FIÈVRES INTERMITTENTES.

craindre pour le jeune homme[1] et employer des médicaments plus énergiques. Ainsi, une pareille fièvre tierce ne ressemble en rien à une tierce légitime. C’est pourquoi je dis qu’il faut les diagnostiquer dès le début. En effet, autant elles diffèrent de nature, autant il convient que le système du régime soit modifié.

Pour déterminer parfaitement le caractère de ces fièvres, il me suffira de vous citer ce qui arriva à un jeune homme ; ce sera à la fois un exemple de fièvre illégitime et un enseignement. C’était à l’époque du coucher des Pléiades qui précède l’équinoxe. La fièvre le prit avec un frisson presque dès l’aurore ; aussi ne ressemblait-elle à une tierce ni par la chaleur, ni par le pouls. Il ne survint également ni vomissement bilieux, ni sueur abondante. Seulement au deuxième jour, vers la troisième heure, il se produisit de légères moiteurs à la suite desquelles la fièvre disparut d’une façon si peu sensible, que, vers le soir, à peine paraissait-il exempt de fièvre, mais son pouls conservait le caractère très-manifeste de la fièvre. Du reste il se trouva très-bien le soir et la nuit entière. Mais vers l’aurore du troisième jour survint un second accès semblable au premier, en tout, excepté pour la durée. En effet la nuit avançant, un peu avant le jour, la moiteur se manifesta et la fièvre cessa vers l’aurore du quatrième jour. Pendant le reste de l’automne et l’hiver où il fut malade, toutes les autres circonstances et l’époque de l’accès et de la rémission de la fièvre se reproduisirent de la même façon. Le jeune homme était âgé de dix-huit ans environ, blanc de teint, gras, livré aux débauches, habitué à des bains continuels et par suite cuisant mal ses aliments. Le pouls se montra médiocrement dur le premier et le second jour, mais le troisième, le quatrième et les jours suivants jusqu’au septième il parvint à un tel degré de dureté qu’on aurait pu croire, en se fiant au pouls seul, que la maladie remontait à plusieurs mois. Il persista ainsi jusqu’à l’équinoxe du printemps où il commença à s’amollir. Au bout du quarantième jour, le malade était complétement délivré de la fièvre, le pouls s’étant amolli successivement, le paroxysme ayant diminué, et les urines laissant un bon sédiment. — Auparavant, en effet, les urines

  1. « Qu’il devînt hydropique. » (Étienne, p. 287.)