Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/724

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
712
DE LA MÉTHODE THÉRAPEUTIQUE, À GLAUCON, I, ii-iii.

guer du chagrin les préoccupations des savants qui se livrent aux spéculations de l’étude, On reconnaît que la fièvre est le résultat de l’insomnie, par l’altération du teint, car le visage est légèrement tuméfié, et par le mouvement des yeux. Les malades ouvrent à peine les paupières, qui sont humides, tandis qu’elles deviennent sèches chez ceux que rongent la tristesse ou les soucis. Les yeux sont caves dans la tristesse, l’insomnie, la méditation ; mais ce symptôme n’existe pas chez ceux qui sont en proie à la colère, du moins l’enfoncement des yeux et l’altération de couleur ne sont pas manifestes. Dans ce dernier cas la chaleur est plus considérable ; elle s’étend rapidement de l’intérieur à la superficie ; la force du pouls se maintient, ce qui n’a pas lieu à la suite des insomnies, du chagrin ou de la méditation. Il est donc facile de distinguer ces affections de la colère, et de les distinguer elles-mêmes les unes des autres, ainsi que nous l’avons dit. Lorsque c’est la fatigue qui amène la fièvre, la peau est beaucoup plus sèche que dans tous les autres cas de fièvres éphémères. Ce symptôme est commun à tous ceux qui ont la fièvre à la suite de fatigues ; il persiste jusqu’au moment où l’accès a atteint toute sa force ; mais à ce moment les fébricitants qui n’ont pas supporté des fatigues excessives se couvrent ordinairement d’une moiteur ou vapeur chaude qui vient de l’intérieur du corps. Quelquefois la sécheresse se maintient, même après le moment où l’accès a atteint toute sa force : cela s’observe particulièrement chez les individus qui se sont livrés à des excès de travail, et qui ont supporté en même temps que la fatigue le froid ou la chaleur. Dans les deux cas, l’état du pouls n’est pas le même. Le pouls est petit dans les fatigues excessives ; il est grand dans les autres cas. — Les fièvres qui proviennent de la condensation de la peau (or la peau se resserre par le froid ou par l’application d’une substance douée de propriétés astringentes, par exemple à la suite de bains d’eau alumineuse), sont de toutes les fièvres les seules qui soient une affection par resserrement[1]. Le toucher seul suffit pour les

  1. Cette phrase, comme le fait remarquer Étienne (p. 256, ici l’ordre naturel du texte de Galien a été troublé dans les manuscrits du Commentaire), est dirigée contre les méthodiques, suivant qui toute maladie était relâchement ou resserrement.