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AFFECTIONS DES ORGANES GÉNITAUX DE L’HOMME.

aux artères, si la raison veut que les fonctions dérivent de la substance propre des parties et non de leur position, et s’il est vrai que le cœur, fût-il placé ailleurs, aurait la même fonction, aussi bien que le foie, la rate et tous les autres viscères[1]. Il est naturel que les artères, dans toute partie du corps, aient la même fonction, comme elles paraissent l’avoir, car dans le même temps les artères de l’animal entier se dilatent de la même façon. Il n’est donc pas vraisemblable que les artères qui pénètrent dans le pénis aient quelque autre faculté ajoutée à celle que possèdent les artères du corps entier, mais il est naturel qu’elles aient des orifices plus larges que les autres artères et disposés pour le prompt remplacement de ce qui a été évacué (car toujours la nature paraît accomplir de tous points ce qui est utile pour chacune des fonctions), et que du reste elles n’aient aucune faculté spéciale de fonctions, quand elles ont pénétré dans le pénis. D’un autre côté, les lombes étant échauffées, il est encore naturel que les artères deviennent plus chaudes et que leurs orifices s’élargissent, de sorte qu’en ce moment elles versent dans le nerf caverneux une quantité de pneuma assez grande, qui remplit peu à peu le pénis et provoque son érection, toute sa substance consistant dans le nerf caverneux. Ces faits connus, arrivons à la diathèse nommée priapisme.

Il est évident, d’après ce que nous savons déjà, que l’affection provient soit des orifices dilatés des artères, soit de la production d’un pneuma vaporeux dans le nerf. Cherchons laquelle des deux parties il faut accuser de préférence. Il me semble que toutes deux contribuent à produire cette affection, mais qu’elle tient plus souvent à la dilatation des orifices artériels ; car ces orifices se dilatent plus aisément que le pneuma vaporeux n’est engendré facilement dans le nerf caverneux. Je crois n’avoir vu qu’une fois la diathèse du nerf, tandis que j’ai vu souvent celle des artères. C’est ce que je conjecturai par les symptômes précurseurs et par le traitement. En effet, chez un individu qui, dans

  1. C’est-à-dire, quelle que soit la partie où se trouvent les artères, elles accomplissent les mêmes fonctions ; de telle sorte que leur présence dans le pénis n’entraîne pas pour elles une fonction différente de celles que la nature leur a accordées partout ailleurs.