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DES LIEUX AFFECTÉS, VI, vi.

mouvement de la langue, pour le citer comme exemple, comment ne pas s’étonner qu’on trouve les anatomistes en désaccord entre eux non pas seulement sur le nombre des muscles, mais encore sur leurs fonctions, tandis qu’on voit la nature enseigner aux enfants comment ils imiteront cette voix ou cette autre, comment ils remueront la langue, et par quels muscles ils produisent le son même ? De même pour toute voix ou respiration des autres animaux, et pour parler brièvement, pour les fonctions volontaires, qui ne s’étonnerait en voyant ces organes spontanément instruits, tandis que des dissentiments assez graves existent entre les anatomistes au sujet de ces fonctions, et qu’ils discutent comment elles s’opèrent et par quels organes, comment tous les animaux respirent et émettent des sons aussitôt après leur naissance ? Il n’est donc pas singulier que les parties génitales connaissent dès le principe les fonctions en vue desquelles elles ont été créées par la nature, puisque la matrice, après avoir reçu le sperme, se clôt exactement jusqu’à ce que le fœtus soit achevé, et que, ce fœtus étant parfait, elle se rouvre considérablement à l’effet de lui donner passage. L’habitude de voir ces choses fait qu’on les dédaigne et qu’elles sont méprisées par beaucoup de gens accoutumés à admirer non pas les choses réellement admirables, mais celles dont le spectacle s’offre rarement à leurs yeux. Qu’y a-t-il dans la nature de plus étonnant que cet orifice si exactement fermé pendant neuf mois entiers, que le bout d’une sonde n’y pénètre pas, et qui, lorsque le fœtus est parfait, subit une dilatation telle que l’animal tout entier le traverse ? On ne doutera donc pas que la faculté du pénis ne soit spontanée, en sorte que ce corps caverneux, de substance nerveuse, se dilate immédiatement quand l’animal est excité au coït, possédant, comme l’artère et le cœur, la faculté naturelle qui le dilate, avec la seule différence que ceux-ci se meuvent constamment, parce que nous avons toujours besoin de leur fonction, tandis que le nerf caverneux ne se meut pas constamment, mais quand le besoin l’exige. Lorsqu’il se dilate, le pneuma arrive des artères, comme le poumon se dilate dans le thorax pour remplir le vide opéré. Quelqu’un pourrait peut-être rapporter aux artères la faculté du pneuma qui remplit le nerf caverneux, quand l’animal est poussé au coït ; mais il vaut beaucoup mieux dire que cette fonction appartient au corps nerveux, non