Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/713

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
701
AFFECTIONS DES ORGANES GÉNITAUX DE L’HOMME.

vin, l’autre d’huile, celui-ci de miel, celui-là de lait, d’autres d’un liquide quelconque ; il y en avait même plusieurs qui étaient remplis de céréales et de fruits. Nous vîmes d’abord ce petit chevreau marcher comme s’il eût appris qu’il avait des pattes pour marcher. Nous le vîmes ensuite secouer l’humidité qu’il tenait de sa mère, puis se gratter le côté avec une patte ; flairer chacun des vases placés dans la chambre, et après les avoir tous flairés, avaler le lait ; à ce moment nous poussâmes tous un cri, voyant réalisé le mot d’Hippocrate (De l’aliment, p. 382, l. 35, éd. Foës) ; « les natures d’animaux sont sans enseignements. » En élevant ce chevreau nous constatâmes donc plus tard qu’il se nourrissait non-seulement de lait, mais encore d’autres substances disposées sur le sol. Comme l’époque où le chevreau fut enlevé à sa mère était rapprochée de l’équinoxe du printemps, au bout de deux mois je lui portai des pousses tendres de branches et de plantes, et les ayant toutes flairées, il s’éloigna immédiatement de quelques-unes et se mit à en goûter d’autres, et après les avoir goûtées, il s’adressa à celles qui font habituellement la nourriture des chèvres adultes. Ce fait a peu de signification peut-être ; cet autre en a beaucoup. Après avoir brouté les feuilles et les jeunes pousses il but, et un peu plus tard, commença à ruminer. Cette vue fit pousser un cri à tous les assistants, émerveillés des facultés naturelles des animaux. Certes, c’était une grande chose de voir l’animal ayant faim, prendre la nourriture avec la bouche et les dents, mais le voir d’abord ramener à sa bouche les aliments descendus dans l’estomac pour les mâcher longuement et les triturer, puis les porter non plus dans l’estomac même, mais dans une autre cavité, cela nous parut un spectacle bien admirable. Le vulgaire dédaigne de pareilles œuvres de la nature, n’admirant que les spectacles étranges. Pourtant n’est-il pas étonnant que les médecins les plus habiles en anatomie recherchent par quel muscle est étendue telle articulation, par exemple celle de l’ischion, par quel muscle elle est fléchie, quels sont les muscles qui la meuvent obliquement dans les deux sens, quels sont ceux qui la meuvent circulairement des deux côtés, tandis que le chevreau exécute immédiatement le mouvement qu’il veut dans chaque articulation, comme les hommes eux-mêmes, bien qu’hommes et chevreaux ignorent par quel muscle chaque mouvement est opéré ? Et le