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DES LIEUX AFFECTÉS, VI, vi.

paraît évidemment un symptôme du pénis. Il peut cependant, le pénis n’éprouvant aucune affection propre spéciale, appartenir aux artères seulement, lesquelles subissent parfois une diathèse contre nature, telle qu’elle se produit chez elles quand a lieu naturellement l’érection de tout le pénis. Que le pénis soit enflé par le pneuma, cela est évident pour ceux qui calculent la rapidité de son gonflement et de son érection. Car aucune humeur n’est capable de produire un changement aussi rapide dans l’un ou l’autre sens (voy. Util. des parties, XIV, x ; XV, iii).

La chose étant ainsi, et quand on voit dans les dissections de grandes artères pénétrant dans une aussi petite partie que le pénis ; quand on voit la substance qui le compose et que ne possède aucune autre partie (car le pénis est un corps nerveux tout rempli de cavernes, à l’exception de ce qu’on nomme le gland), que pourrait-on supposer d’autre, sinon que c’est en se remplissant d’un pneuma vaporeux qu’il se gonfle dans les érections, et que le gland conserve toujours une dimension égale, parce qu’en lui n’existe pas un nerf caverneux (voy. Util. des parties, XV, i) ? Quelle est donc la cause de l’érection du pénis dans les désirs vénériens, ou dans le décubitus, lorsque étant couché sur le dos, la chaleur pénètre dans les lombes ? Cette cause trouvée, il y a espoir que nous trouverons aussi la cause du priapisme.

Il faut que la cause première, c’est-à-dire la réplétion, provienne des artères ou du nerf caverneux, ou des deux organes ayant subi un changement dans leur constitution antérieure, cela est de toute évidence. Examinons immédiatement lequel des deux organes produit plutôt ce résultat ou s’il est produit par les deux à la fois, en faisant précéder cet examen de la considération suivante :

La nature qui a conformé et achevé les parties du corps, les a créées capables sans instruction d’accomplir leur fonction propre (voy. Util. des parties, I, ii, iii). Je fis de cette aptitude une expérience très-importante en élevant un chevreau qui n’avait jamais vu sa mère. Je disséquais des chèvres pleines, en vue des recherches faites par les anatomistes sur l’économie du fœtus ; ayant trouvé un petit vigoureux, je le détachai de la mère comme d’habitude. Je l’enlevai avant qu’il eût vu sa mère, et le portant dans une maison, je le déposai au milieu de vases nombreux pleins, l’un de