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DES LIEUX AFFECTÉS, VI, v.

de la rétention des règles. Le sang arrive bien jusqu’à la matrice, mais il ne peut pas s’introduire dans son intérieur, tantôt parce qu’il est trop épais pour pénétrer à travers les orifices des vaisseaux, tantôt parce que ces orifices sont fermés, de sorte qu’il engorge les veines et les distend et qu’il imbibe les ligaments qui sont proches ; par suite de leur tension la matrice, vu son rapport de continuité avec eux, est attirée en même temps ; si la traction s’opère de tous les côtés par des forces égales, le déplacement de l’utérus s’effectue sans aucune déviation ; si, au contraire, les forces sont inégales, cet organe se porte là où la traction est la plus puissante. Donc ce n’est pas en qualité d’animal errant que, chez les femmes, la matrice se porte tantôt dans un lieu, tantôt dans un autre, mais parce qu’elle remonte en vertu de la tension. Si quelqu’un disait que le corps même de l’utérus est dans ce cas exempt d’affection, mais que tiré de côté et d’autre, l’utérus éprouve une distorsion, il parlerait convenablement. En effet d’autres parties du corps sont également sujettes à ces apparences d’affection, de sorte que souvent les médecins, induits en erreur, pensent que ce qui est contourné est affecté, attendu qu’il ne peut plus ni se plier ni s’étendre. C’est ce qu’Hippocrate nous a appris dans son livre Sur les articulations (§ 57, t. IV, p. 244), lorsqu’il rappelait en ces termes ce qu’on nomme les voyages de la matrice : « Quand la tête de l’humérus se luxe en arrière, mais cette luxation est rare, le blessé ne peut étendre le membre, ni dans l’articulation luxée ni même exactement au niveau du genou. De toutes les luxations de la cuisse c’est celle où il est le moins facile d’étendre l’articulation de la hanche et, celle du genou. » — Dans ce passage Hippocrate dit que l’articulation du genou, bien qu’elle ne soit pas affectée, ne peut être étendue en raison de ses rapports avec la hanche. Puis il ajoute ce qui suit : « Il importe en effet de savoir aussi (c’est une notion très-utile, d’un grand intérêt, et qui échappe à beaucoup de gens) que, même dans l’état de santé, on ne peut pas étendre le jarret, si on n’étend pas en même temps l’articulation de la hanche, à moins qu’on n’élève le pied très-haut, car alors on peut étendre le jarret ; on ne peut pas non plus fléchir l’articulation du genou (ce mouvement est du moins beaucoup plus difficile que le premier) si on ne fléchit en même temps la hanche. » — Après avoir