Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/705

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
693
DE L’HYSTÉRIE.

se dirige un courant sanguin venu du foie. Trouverez-vous un autre conduit de sang plus considérable que celui-là et qui se porte à la matrice ? Par quel autre, en un mot, pourrait-elle attirer quelque chose du foie, si le très-grand conduit que constitue la veine cave n’existait pas ? Certes il n’y en a aucun autre ; car cette veine seule charrie le sang du foie aux parties situées au-dessous du diaphragme. Donc il faut tenir pour tout à fait absurde l’opinion de ceux qui par ce raisonnement font de la matrice un animal. Lors même qu’on accorderait cela, la matrice souffrira si elle ne peut satisfaire ses propres désirs ; peut-être aussi elle s’atrophiera, comme on dit que deviennent les palmiers amoureux (voy. Ach. Tatius, I, xvii) ; mais pour cela elle ne voyagera ni vers le diaphragme, ni vers nulle autre région. En effet, sans parler des autres arguments, le diaphragme est très-sec par nature ; or dans la pensée de ceux qui disent que la matrice se dessèche, elle a besoin du voisinage des parties humides.

Peut-être donc on nous demandera pourquoi la matrice paraît souvent remontée ou déviée ; car les sages-femmes (μαιεύτριαι) disent qu’il en est ainsi, comme elles disent aussi que souvent, bien que la matrice conserve sa position naturelle, les femmes n’en sont pas moins prises de symptômes hystériques. J’essayerai d’en faire connaître la cause en m’en tenant aux paroles d’Hippocrate. Je soutiens en conséquence que la tension de l’utérus est la cause pour laquelle le col paraît remonté ou dévié aux sages-femmes qui touchent cette partie, car le col est nécessairement rétracté en même temps que le corps même de l’utérus. Mais qu’est-ce qui produit le mouvement d’élévation ou d’inclinaison latérale, car il me reste encore à le dire ? la réplétion des vaisseaux qui y aboutissent et de ses ligaments. En effet, dans notre Commentaire sur les Aphorismes, là où Hippocrate dit (Aph., VI, 39) « que les spasmes viennent de plénitude ou de vacuité », nous avons démontré que les corps remplis s’étendent en largeur et en profondeur, et qu’ils diminuent dans le sens de la longueur ; or, plus ils se raccourcissent, plus ils sont rétractés vers leur principe. Ainsi Érasistrate a dit que les muscles remplis de pneuma s’étendent en largeur, mais diminuent de longueur, et par cette raison se rétractent. D’où vient donc la plénitude des artères et des veines de l’utérus ? Évidemment