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DES LIEUX AFFECTÉS, VI, v.

maladies de toute espèce. » Aux paroles de Platon, quelques-uns ont ajouté que si la matrice, dans ses voyages à travers le corps, touche au diaphragme, elle empêche la respiration ; d’autres ne disent pas qu’elle erre comme un animal, mais ils prétendent que, desséchée par la suppression des règles, elle monte vers les viscères dans son désir d’être humectée, qu’en remontant elle rencontre quelquefois le diaphragme, et qu’alors l’animal est privé de respiration.

Ceux qui ignorent ce que révèlent les dissections, qui n’ont jamais considéré les facultés naturelles ou volontaires, bien qu’ils n’aient entendu aucune démonstration de ce que je viens de dire, pensent néanmoins qu’il y a du vrai dans ces opinions ; ceux, au contraire, qui se sont exercés dans l’anatomie et qui se sont livrés à l’étude des facultés, reconnaîtront, même sans moi, le côté faible du raisonnement. En effet, si quelque partie de la matrice semblait prise de spasmes, cette partie est peu considérable et ne suffit pas à prouver que toute sa cavité remonte vers l’estomac, et encore moins que, franchissant ce viscère, elle arrive jamais à toucher le diaphragme. Et, lors même qu’elle le toucherait, quelle influence ce contact aurait-il pour produire l’absence de respiration, les défaillances, la tension des membres ou un carus complet ? Chez les individus surchargés d’aliments, la masse de l’estomac paraît manifestement comprimer le diaphragme, et il en résulte précisément que la respiration est accélérée ; l’animal n’en éprouve aucun autre symptôme. De même le développement de l’utérus produit par la grossesse rend la respiration plus fréquente et ne cause aucun autre dommage. Supposer que la matrice desséchée et avide d’humidité se tourne vers les viscères, est tout à fait absurde ; car s’il arrivait qu’elle eût simplement besoin d’humidité, elle en trouverait par son voisinage avec la vessie et avec toute la partie inférieure du gros intestin ; si elle a besoin non d’une humidité simple, mais d’une humidité sanguine, ce n’est pas vers le diaphragme mais vers le foie qu’elle devrait se porter. À quoi bon, du reste, pour la matrice, se porter vers les autres parties puisqu’elle a comme épais tégument une membrane qui l’environne ? En effet toutes les parties qui attirent dans leur intérieur les liquides des intestins, le font à l’aide d’orifices ; beaucoup d’orifices de veines parviennent dans la matrice, orifices par lesquels elle peut attirer le sang contenu dans la veine cave vers laquelle