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DE L’HYSTÉRIE.

la corruption des humeurs est telle chez lui, que sa salive seule mise en contact avec le corps de l’homme développe la rage. Il arrive donc que la diathèse, prenant son point de départ d’un principe très-petit, c’est-à-dire de la qualité de la salive, et augmentant dans le corps, se manifeste, quand elle est arrivée à un développement considérable, après six mois ; quelquefois elle ne donne aucun signe avant ce temps. De la même façon, si par suite de la corruption d’une certaine humeur, corruption engendrée dans le corps, quelqu’une des parties principales est peu à peu attaquée, tous le reste du corps en est promptement altéré.

Que les symptômes dits hystériques passent à juste titre dans l’antiquité pour avoir leur racine dans l’utérus, cela est prouvé d’une manière non douteuse par ce fait que de tels symptômes se manifestent exclusivement chez les veuves et chez les femmes dont les règles sont supprimées. Que le sperme retenu ait une grande puissance pour produire l’hystérie, tandis que la suppression des règles en a peu, cela est également prouvé par les phénomènes qu’on observe chez les femmes mariées, mais dont les règles sont supprimées. Elles éprouvent à la vérité certains symptômes que je ferai connaître plus loin ; mais elles ne sont néanmoins prises ni de suffocations, ni de fortes défaillances, ni des autres symptômes que j’ai décrits plus haut. Ce fait est également prouvé par cette circonstance que des veuves réglées d’une façon irréprochable, ou seulement un peu moins abondamment réglées qu’avant leur veuvage, sont en proie aux mêmes symptômes. Les signes que constatent les sages-femmes en touchant l’utérus avec soin concourent encore à cette démonstration. En effet, la matrice tout entière remontant ou se portant de côté, son col paraît incliné quand on le touche. On a comparé 7la matrice à un animal avide de procréation, et on a dit que, s’il est privé de ce qu’il désire si ardemment, il cause du dommage dans tout le corps. Platon (Timée, p. 91 b) s’est exprimé ainsi à ce sujet : « La partie qu’on appelle chez la femme matrices et utérus (μήτραι καὶ ὑστέραι) étant, pour ces mêmes causes (l’amour et l’excitation produite par le sperme), un animal avide de procréation, si elle est pendant longtemps, quand la saison est venue, privée de porter des fruits, souffrant gravement et errant à travers tout le corps, elle obstrue les conduits du pneuma, empêche de respirer, jette dans la plus extrême anxiété, et cause d’autres