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DE L’HYSTÉRIE.

les animaux qui hivernent ressemblent à des morts quand ils sont tapis dans leurs trous, et paraissent être entièrement privés de respiration. Lorsqu’on connaît ce fait, qu’on a constaté que ces animaux sont froids, et qu’il a été démontré que la plus grande utilité de la respiration consiste à conserver la chaleur innée, conservation qui s’effectue par la réfrigération et la ventilation, il n’est plus difficile de concevoir que la petite quantité de chaleur qui reste dans ces animaux est conservée par l’office des artères et par le cœur, office appelé perspiration (διαπνοή) par quelques médecins, comme celui du thorax et du poumon est nommé respiration (ἀναπνοή). Il arrive donc dans certaines apnées utérines, parce que le corps est entièrement refroidi (ce refroidissement est manifeste), qu’il ne se fait par la bouche aucune respiration, mais qu’elle s’accomplit par les artères ; elle peut même être si faible qu’elle échappe aux sens.

Pour qu’il ne reste rien d’obscur touchant cette maladie, nous allons rechercher la cause pour laquelle le corps se refroidit. Nous le trouverons facilement pour peu que nous rappelions les causes antécédentes et qui sont telles : il est reconnu que cette affection survient particulièrement chez les veuves, et surtout lorsque étant bien réglées avant le veuvage, fécondes, et usant volontiers des approches de l’homme, elles ont été privées de tout cela. De ces circonstances quelle conjecture plus probable peut-on tirer, sinon que ces diathèses utérines surviennent aux femmes à cause de la suppression des règles ou de l’écoulement de la semence, que ces affections soient ou des suspensions de la respiration (ἄπνοιαι), ou des suffocations (πνίγες), ou des contractions (συνολκαί) ? Peut-être ces états dépendent surtout de l’absence de l’écoulement de la semence, parce que la semence a une grande puissance, qu’elle est plus humide et plus froide chez les femmes que chez les hommes, et que, comme chez les hommes aussi, les femmes qui ont beaucoup de sperme ont besoin de le répandre. Pour les hommes on constate aussi des différences non petites : les uns, aussitôt la puberté, sont affaiblis par les rapports sexuels ; d’autres, au contraire, s’ils n’en usent pas fréquemment, ont la tête lourde, de l’anxiété et de la fièvre, une perversion de l’appétit et de mauvaises digestions. Platon (Timée, p. 86 c) comparait leur corps à des arbres surchargés de fruits. J’ai connu des