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DES LIEUX AFFECTÉS, VI, v.

deux dénominations pour une seule maladie. Ayant vu beaucoup de femmes hystériques (ὑστερικαί), car c’est ainsi qu’elles s’appellent elles-mêmes, et que les ont appelées d’abord les sages-femmes (ἰατρίναι), auprès de qui, vraisemblablement, elles ont appris ce nom, ayant vu, dis-je, de ces femmes, les unes privées en même temps de sentiment et de mouvement, offrant un pouls très-faible et très-petit et paraissant même sans pouls, les autres sentant, se mouvant et saines de raison, mais tombant en faiblesse et respirant à peine, d’autres enfin dont les membres étaient contractés, je compris qu’il y avait de nombreuses variétés dans les affections utérines différant les unes des autres, soit par la grandeur de la cause qui les produit, soit eu égard à certaines espèces de causes. La première variété décrite dans le livre composé par Héraclide de Pont, offre beaucoup de difficultés pour reconnaître son origine. Il est dit, en effet, que la femme était sans respiration et sans pouls, différant seulement d’un mort par ce seul fait qu’à la région moyenne du corps, elle présentait une certaine petite chaleur. Le livre est intitulé : La femme sans respiration d’Héraclide (ἄπνους Ἡρακλείδου) ; l’auteur ajoute que les médecins présents demandaient si elle n’était pas déjà morte. Quelques médecins venus après Héraclide, voulant se persuader que quelque chose de la respiration avait été conservé, bien qu’elle ne parût plus, prescrivirent de placer au-devant des narines des flocons de laine cardée, afin de reconnaître exactement si un peu d’air entrait ou sortait pendant la respiration. D’autres ordonnèrent de placer sur le creux de l’estomac un vase plein d’eau, car l’eau devait rester parfaitement immobile, s’il ne restait absolument rien de la respiration.

Si donc les femmes qui se trouvent dans cette situation mouraient toutes, la question serait simple ; mais comme quelques-unes réchappent, il se présente à résoudre un double problème : nous devons rechercher la diathèse en vertu de laquelle l’acte de la respiration est perdu et surtout comment peuvent vivre encore celles qui ne respirent plus du tout. On se persuade en effet que la vie est inséparable de la respiration et que la respiration est inséparable de la vie et que celui qui respire vit absolument. Ce problème est-il le plus difficile ? En réalité il n’est pas plus difficile, il est même plus facile à résoudre que le premier, puisque