Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/696

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
684
DES LIEUX AFFECTÉS, VI, iv-v.

dernière circonstance prouve manifestement que la suppuration s’est formée dans la vessie elle-même ; quand il est entièrement mélangé, il vient de plus haut ; s’il présente un état intermédiaire, il descend des reins.

Semblablement si, lorsque la collection purulente s’est rompue, il se révèle un signe d’ulcération, et en même temps un moyen de reconnaître le lieu affecté, la matière qui constitue ce signe apparaît ou exactement, ou à moitié, ou nullement mélangée, ou suspendue, ou rejetée seule. Le signe propre de l’ulcération, c’est l’expulsion d’une fausse membrane (ἐφελκίςcroûte d'ulcère) ; le signe de l’ulcération de chaque partie considérée en elle-même se tire de la substance même de la matière qui s’échappe[1]. Si cette matière est lamellée, elle a été détachée de la vessie ; si elle est en forme de chair, elle provient des reins. Si quelque partie plus élevée encore est affectée, il faut examiner ce qui s’échappe avec les urines, et comparer la substance de ces matières avec celle des parties dont on soupçonne l’affection. Ainsi, des fragments de la partie convexe du foie et de tous les autres organes situés plus haut, sont rendus avec les urines, tandis que les fragments des parties concaves du foie, des intestins, de l’estomac et de la rate sont expulsés par le fondement. Il est rare que pareille chose s’observe pour les autres organes, par exemple, que des parties de la cavité du thorax et du poumon s’échappent par les intestins, ou que des portions d’organes situés au-dessous du diaphragme soient. rendues avec les urines. Beaucoup de médecins ignorent la cause de ces faits, soit qu’ils ne les aient pas observés sur les malades, soit qu’ils n’y croient pas quand ils les ont observés, par exemple, qu’il soit possible qu’un abcès s’étant formé dans le poumon, le pus s’échappe par les reins ; mais nous, nous avons vu un abcès du poumon se vider par les urines, et un abcès du thorax par les intestins et le siége. Au fond, le transport aux reins du pus contenu dans le poumon, ne présente, d’après la véritable doctrine, aucune difficulté, car il y a vers les reins des prolongements de la grande

  1. Ἐφελκίς, espèce de peau, propre, suivant Galien, à toute ulcération, est pour ainsi dire un produit de nouvelle formation. Les autres matières solides qui proviennent des ulcères sont toujours, suivant Galien, des débris de la substance même de l’organe ulcéré.