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DES LIEUX AFFECTÉS, VI, iii.

l’estomac envoie dans le jéjunum à travers le prolongement vers l’intestin (Utilité des parties, IV, vii et les notes), prolongement qu’Hérophile a appelé duodénum, lui imposant cette dénomination parce qu’il lui a trouvé une longueur de douze travers de doigt. Ainsi, on pourrait mettre en cause l’atonie des reins, quand ils ne peuvent pas retenir l’urine dans leur intérieur, mais non pas celle des autres parties à travers lesquelles passe la boisson. D’un autre côté, si on accuse les reins d’atonie, comment expliquer qu’ils attirent en eux l’urine si rapidement ? On peut répondre : De même que chez certains individus affectés de lientérie, il se manifeste un appétit violent, de même aussi dans les reins naît un désir violent, par suite duquel ces organes attirant [fortement] en eux l’urine à travers la veine cave, sont précisément accablés sous le poids de l’abondance du liquide. Nous voyons également les individus affectés de faim canine se remplir d’un seul coup, puis vomir peu après, ou être pris de diarrhée ; et cela s’observe, non-seulement dans un état contre nature, mais aussi chez certains animaux qui jouissent d’une parfaite santé, par exemple chez certains oiseaux qu’en Asie nous nommons Séleucides : pendant tout le jour ils mangent à satiété des sauterelles et les rejettent aussitôt. Ce phénomène naturel s’observe encore chez d’autres animaux. De même donc que, la faim canine se déclarant à l’orifice de l’estomac, en même temps qu’il y a impossibilité de supporter le poids des aliments ingérés, l’estomac est forcé d’engloutir avidement une grande quantité de substances et de les rejeter aussitôt ; de la même manière encore, un appétit violent naissant dans les reins pour le liquide séreux, en même temps que leur faculté rétentrice est frappée d’atonie, ils se trouvent dans la nécessité d’attirer une grande quantité d’urine à la fois et de l’envoyer aussitôt à la vessie ; mais pourquoi, dira-t-on peut-être, la diarrhée d’urine survient-elle immédiatement tandis qu’il n’en est pas ainsi ni de la lientérie, ni de la faim canine, et que ces affections mettent plusieurs jours à se constituer, car le début se distingue de l’augment et l’augment du summum ? Cela s’explique parce que l’appétence pour les aliments est une œuvre psychique de l’estomac qui ne se produit jamais sans que nous en ayons conscience, tandis que l’appétence éprouvée par les reins se produit sans que nous nous en apercevions, de telle façon que