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AFFECTIONS DES VOIES URINAIRES.

uns appellent hydropisie dans le pot de chambre, les autres diarrhée d’urine, ceux-ci diabète, ceux-là soif ardente (διψακός) ; maladie, du reste, fort rare. Quant à moi, je ne l’ai vue que deux fois jusqu’à présent ; les malades avaient une soif inextinguible ; ils buvaient démesurément et rendaient par les urines le liquide ingéré tel qu’ils l’avaient bu. Cette maladie est, pour les reins et la vessie, l’analogue de la lientérie pour l’estomac et les intestins. J’ai ailleurs traité particulièrement de la lientérie[1], et j’ai démontré que dans cette affection, non-seulement l’estomac, mais le canal intestinal tout entier, sont trop promptement excités à expulser les aliments et les boissons qu’ils ne peuvent supporter paisiblement, même pour un peu de temps, soit à cause du poids des substances ingérées, soit à cause de leur qualité. Pour le passage rapide et subit des urines par la vessie, il est impossible d’en rendre responsable l’atonie de l’estomac, du jéjunum ou des intestins grêles. En effet, si ces organes ne peuvent supporter les boissons et s’ils tendent à les expulser aussitôt, qui empêcherait que cette boisson s’échappât par le siége, comme cela se voit dans la lientérie ? Car, dans ce cas, ce ne sont pas seulement les aliments qui traversent rapidement les circonvolutions si compliquées des intestins, mais aussi les boissons. Nous avons appris que la distribution de l’aliment qui s’opère de toutes les régions du canal intestinal dans le foie, ne se produit pas par l’atonie ni du foie, ni des veines qui se trouvent au mésentère, ni de celles qui se trouvent à l’estomac, ni enfin de celles qui vont du foie aux reins [ par l’intermédiaire de la veine cave][2] ; nous avons, en effet, démontré dans notre traité Sur les facultés naturelles que le foie attire l’aliment de l’estomac en lui-même, à l’aide des veines mésaraïques, comme les arbres l’attirent de la terre par leurs racines ; que les reins attirent la partie aqueuse du sang, mais que la vessie n’attire pas du foie, pas plus que les intestins n’attirent de l’estomac ; les reins envoient à la vessie, à travers les uretères, ce qu’ils ont sécrété ;

  1. Voy. Dissertation sur la pathologie.
  2. De ce que la lientérie arrive quand il y a atonie du canal intestinal, il ne faudrait pas en conclure ni que la distribution de l’aliment se fait d’autant plus vite que le foie, les veines mésentériques, etc., sont plus frappés d’atonie, ni, par conséquent, que le diabète tient à l’atonie de ces organes.