Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/686

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
674
DES LIEUX AFFECTÉS, VI, iii.

étonnement si de tels corps pouvaient être contenus dans la cavité des reins. Il me semblait à cause de cela plus probable que ces morceaux de chair prenaient naissance dans les veines, de la même façon que, dans certaines contrées de l’Arabie, se forment les dragons dans les jambes, productions d’une nature nerveuse, mais semblables aux vers par la couleur et par l’épaisseur (vers ou veine de Médine). J’ai entendu plusieurs personnes raconter qu’elles avaient constaté des faits de ce genre. Quant à moi, n’en ayant jamais vu, je ne puis faire aucune conjecture exacte ni sur l’origine, ni sur la nature de ces productions ; mais quand j’ai examiné les substances piliformes rendues avec les urines, je suis tombé d’accord avec ceux qui, vu la couleur et la consistance de ces substances, pensent qu’elles proviennent d’une humeur épaisse et visqueuse laquelle en s’échauffant se coagule et se sèche dans les veines, mais je ne m’explique pas leur longueur. La première fois que j’observai ces faits, j’espérai obtenir la guérison par les médicaments diurétiques ; ma prévision fut réalisée.

Chez presque tous les malades qui furent pris de ces accidents, il n’y avait eu antécédemment aucune affection néphrétique ; il n’en survint non plus aucun symptôme après qu’ils eurent été guéris par les diurétiques. Quand une autre partie mauvaise des humeurs est expulsée des veines avec les urines, je n’ai jamais vu ni les reins, ni la vessie, ni les uretères être concurremment affectés ; il en est de même quand du pus est rejeté en abondance avec les urines. Les choses se passent ici comme pour les intestins : ils ne souffrent en aucune façon par les diathèses hépatiques, bien qu’ils soient lésés lorsqu’ils sont en contact avec la bile pure. De même la vessie est ulcérée par le passage prolongé d’urines irritantes.

Il existe aussi une autre affection des reins, laquelle consiste en l’émission avec les urines de l’ichor ténu du sang, ichor semblable aux matières excrémentitielles qui se montrent au début des maladies du foie, si ce n’est que cet ichor est un peu plus sanguinolent. Cette affection tient à une certaine diathèse des reins, semblable à celle que dans le foie nous avons appelée atonie (cf. V, ix), et à la dilatation des corps ou des canaux (donnez-leur le nom que vous voudrez) qui filtrent l’urine de la veine cave dans les reins.

Les reins me paraissent aussi affectés dans la maladie que les