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AFFECTIONS DES VOIES URINAIRES.

reins (lithonthriptes), car, en même temps que ces médicaments conduisent avec sûreté au diagnostic de l’affection et du lieu affecte, ils constituent le commencement du traitement. Si, après l’administration du médicament, il se trouve quelque chose de sablonneux dans les urines, je reconnais que j’ai affaire à une affection néphrétique ; je prescris alors de continuer le médicament en y joignant les autres moyens de traitement. Quand le mal est ainsi reconnu, s’il survient des douleurs accompagnées de frissons qui reparaissent à des intervalles inégaux, s’il existe une certaine fièvre irrégulière, après avoir fait coucher le malade, tantôt sur le ventre, et tantôt sur l’un des côtés, voyez s’il ne lui semble pas qu’une espèce de poids pend du rein où siége la douleur. S’il en est ainsi, il faut conjecturer qu’un abcès s’est formé. Quand cet abcès est mûr, le pus qui s’échappe au dehors soulage la douleur, mais il y a danger d’ulcération des reins ; aussi faut-il par tous les moyens possibles essayer d’amener la cicatrisation ; mais si on n’obtient pas promptement ce résultat, l’affection devient très-difficile à guérir.

On reconnaît aisément les signes d’une ulcération persistante par l’inspection des matières urinées et parce que le malade éprouve souvent une sensation douloureuse à la région du rein affecté. Quelquefois il s’échappe un peu de pus comme d’un ulcère, ou semblablement, une fausse membrane (ἐφελκίς), et quelquefois du sang, ce qui est le signe d’un ulcère avec érosion. Il arrive aussi qu’un vaisseau s’étant rompu par plénitude, ou par une chute, ou par un coup violent, on urine du sang en abondance ; cela se voit aussi quand un orifice veineux s’est ouvert dans ces régions. Les indices de l’ulcération même des reins sont très-certains : ce sont de petits morceaux de chair qui sortent avec les urines, et sont des parties mêmes de la substance du rein arrachées par suite de l’étendue de l’érosion qui accompagne l’ulcération. Ces morceaux de chairs, semblables à des cheveux (gravelle pileuse ?), Hippocrate les a vus sortir avec les urines, comme lui-même l’écrit dans ses Aphorismes (IV, 76). J’ai vu moi-même de ces morceaux de chair, quelquefois longs d’une coudée, quelquefois plus longs, quelquefois enfin si longs[1], que je me demandais avec

  1. Le ms. a μακρά. Les éditions ont σμικρά. — Voy. Dissert. sur la pathol.