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DES LIEUX AFFECTÉS, VI, i-ii.

façon qu’on pouvait croire que la bile jaune était mêlée à de la suie. Quelques médecins, estimant dans ce cas que le foie est exempt d’affection, ne s’expliquent pas comment il se fait que certains ictères soient sous la dépendance de la rate ; il en est de même de ceux qui pensent que les malades tombent en hydropisie, par suite de l’état squirrheux de la rate seule et sans que le foie soit affecté. Ces médecins sont dans le même embarras touchant les hydropisies qui surviennent dans les maladies aiguës, maladies à la suite desquelles, par intempérie chaude et souvent par intempérie froide, le foie est si fortement affecté qu’il ne peut plus hématoser l’aliment. En effet, ils ne pensent pas non plus que dans ce cas le foie est affecté, attendu qu’ils ont pris, avec Érasistrate, l’habitude de ne pas regarder comme affectée une partie où il ne se manifeste ni tumeur ni ulcération. On peut permettre une telle manière de voir à ces médecins, qui sont d’opinion qu’aucune maladie ne naît par dyscrasie ; mais les médecins qui s’en tiennent aux phénomènes apparents, et qui, par conséquent, sont d’avis que certains symptômes se manifestent, quand une partie est refroidie (cf. V, viii), ne faut-il pas les admirer quand ils pensent qu’une hydropisie ne peut se former sans qu’il y ait un lieu affecté[1] ? S’ils pensent, en effet, que le foie n’est nullement affecté lorsqu’il n’existe pas de tumeur contre nature dans ce viscère, il n’y aura non plus [ni le foie ni] aucun autre lieu affecté, quand on est pris d’hydropisie après avoir bu intempestivement et beaucoup à la fois de la mauvaise eau froide. De l’eau froide bue de cette façon lèse donc une des parties intérieures, tantôt l’une, tantôt l’autre, l’une plus fortement que les autres, l’une avant les autres, suivant qu’à ce moment il se trouve une partie plus faible. Nécessairement le froid passera dans le foie, s’il doit survenir une diathèse hydropique. De la même manière, la rate engendrera [par l’intermédiaire du foie] une hydropisie, qu’elle soit refroidie avec tuméfaction, comme dans

  1. Les médecins dont parle Galien en dernier lieu, tout en ne partageant pas les opinions d’Érasistrate, ne se rendaient cependant pas compte des maladies par dyscrasie ; par conséquent ils se trouvaient dans un grand embarras pour expliquer les hydropisies dans lesquelles le foie ne présente aucune affection organique et n’offre qu’un changement de tempérament.