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DES LIEUX AFFECTÉS, V, ix.

semblable diagnostic. Me rencontrant sur le chemin, il me dit que j’arrivais à propos ; puis me prenant par la main : « Nous sommes, dit-il, tout près d’un malade que j’ai vu tout à l’heure, et je vous engage à venir le visiter avec moi. C’est le médecin sicilien que vous avez vu, il y a peu de jours, se promener avec moi. — Qu’est-ce qui le rend malade ? » dis-je. Se plaçant à côté de moi, il me le déclara très-franchement et très-nettement, car il n’était pas homme à dissimuler ni à ruser. « Hier, dit-il, Gorgias et Apelas m’ont appris que vous avez fait des diagnostics et des pronostics qui touchent plutôt à la divination qu’à l’art médical ; je désire donc avoir une preuve, non de votre science, mais de la puissance de l’art médical, et éprouver s’il peut fournir des diagnostics et des pronostics aussi étonnants. » Pendant ce discours, nous étions arrivés à la porte du malade, en sorte que je n’avais pu répondre à son invitation, ni lui dire ce que, vous le savez, je répète souvent, c’est que parfois certains signes indubitables se manifestent heureusement à nous, et que parfois tous sont douteux, et que, par conséquent, nous attendons un second et un troisième examen. À la première porte, nous rencontrons un domestique qui, de la chambre à coucher, portait à la fosse au fumier un bassin contenant des excréments semblables à de la lavure de chair, c’est-à-dire une sanie ténue et sanguinolente, signe constant d’une affection du foie. Sans paraître avoir rien vu, je me rends avec Glaucon près du médecin, et j’approche la main de son bras, voulant connaître s’il y avait inflammation du viscère ou seulement atonie. Le malade, qui était médecin, comme je l’ai annoncé, dit qu’il venait de se recoucher après avoir été à la selle : « Calculez donc, ajouta-t-il, que la fréquence du pouls est accrue par l’effort que j’ai fait pour me lever. » Ainsi parla-t-il, et moi je trouvai là un indice d’inflammation. Ensuite, voyant placé sur la fenêtre un pot contenant de l’hyssope préparée avec de l’eau miellée, je réfléchis que le médecin se croyait atteint de pleurésie, parce qu’il ressentait aux fausses côtes la douleur qui parfois survient aussi dans les inflammations du foie. Je pensai que, comme il éprouvait cette douleur, sa respiration était fréquente et petite, qu’il était tourmenté par de courts accès de toux ; en un mot, il se croyait pleurétique, et, en conséquence, avait fait une préparation d’hyssope et d’eau miellée. Comprenant donc que