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DES LIEUX AFFECTÉS, V, ix.

tiquer le lieu affecté, ils ouvrent la bouche et, comme un chien enragé, ils dardent sur les interlocuteurs le venin de leur langue effrontée (voy. p. 546, note 1). Mais ce n’est pas à eux que s’adresse le présent discours. Il convient maintenant de passer à une autre espèce de symptômes, lesquels indiquent une atonie du foie seule et sans mélange d’inflammation, de même qu’un peu auparavant nous traitions de l’inflammation seule sans affaiblissement de la faculté propre de ce viscère.

La fonction du foie étant, nous le savons, la génération du sang, nous disons de la cause destinée à le produire qu’elle est la faculté propre du foie. J’ajoute au mot faculté le terme propre à cause des facultés communes à toutes les parties qui sont en nous et dont j’ai parlé dans le traité Sur les facultés naturelles ; je veux dire la faculté attractive, rétentrice, expulsive, car la quatrième, la faculté altératrice en général, est sanguifique dans l’espèce. Vous savez que l’essence de toutes les facultés réside dans le tempérament propre des parties. Quand donc le foie tombe dans une des huit dyscrasies, il arrivera que ses facultés éprouveront les lésions propres à la dyscrasie dont nous avons traité d’une façon générale, dans le troisième livre Sur les causes des symptômes ; le développement spécial et particulier à chaque partie correspond aux notions générales. Ainsi, pour le foie, les dyscrasies chaudes brûlent et consument les humeurs qui s’y trouvent déjà et celles qui remontent par les veines du mésentère. Les dyscrasies froides rendent épaisse, malaisée à couler et à se mouvoir celle qui est déjà renfermée dans le foie ; pituiteuse, crue et à demi-cuite celle qui remonte. De même pour les deux autres dyscrasies, la sèche rend les humeurs plus sèches et plus épaisses ; l’humide les rend plus ténues et plus aqueuses. Quand donc vous voyez des déjections semblables à des chairs récemment lavées, que cela soit pour vous un signe infaillible d’une affection hépatique.

On appelle spécialement hépatiques les affections qui dérivent de la faiblesse de la faculté du foie. Ce sont effectivement les affections propres à la substance de ce viscère. Or, vous savez que la substance des corps premiers dépend de la crase des quatre propriétés. Semblablement, si vous voyez une sorte de lie de sang expulsée par le fondement, sachez que c’est encore un signe