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AFFECTIONS DU FOIE.

qu’on voit souvent, sans qu’il y ait eu administration de poisons mortels, le corps arriver à une corruption d’humeurs semblable à celle qui est produite par les poisons, il n’y a rien d’étonnant qu’il survienne parfois dans les humeurs un changement tel que tout le corps soit frappé de jaunisse. Une telle perversion d’humeurs peut encore être produite par une altération dans le tempérament naturel du foie lui-même, sans qu’il y ait obstruction, inflammation ou squirrhe. Cela se voit manifestement, car parfois le corps tout entier prend une teinte d’herbe jaune pâle, parfois une couleur analogue à celle du plomb ou même plus foncée que cette dernière, ou enfin d’autres nuances de couleurs qu’on ne saurait exprimer, le foie fonctionnant mal, sans offrir de tumeurs contre nature. La rate produit des teintes de cette espèce, beaucoup plus noires que celles qu’engendre le foie, difficiles à expliquer, mais très-faciles à reconnaître quand on en a vu souvent.

Ainsi Stésianus étant examiné par les médecins, la plupart étaient d’avis, je ne sais pourquoi, qu’il avait un abcès au foie. Comme au bout d’un temps assez long son état ne faisait aucun progrès en mieux, il me fit appeler aussi. L’ayant considéré en entrant dans la chambre où il était : « Sachez tout de suite, lui dis-je, que vous n’avez aucun mal dans le viscère, mais quand j’aurai découvert l’hypochondre, je saurai où est le mal. » Il portait un abcès logé dans la profondeur des muscles et déjà le pus était accumulé entre les muscles transverses et les muscles obliques, qui se dirigent de bas en haut, muscles couchés, comme vous le savez, entre les muscles transverses qui touchent au péritoine et les muscles obliques superficiels placés sous le derme, lesquels se portent de haut en bas (cf. Util. des part., V, xiv). Sachez que sur beaucoup d’autres personnes je reconnus leur maladie [à la seule inspection], de telle sorte que, d’après leur teint, je déclarais que chez elles soit le foie, soit la rate étaient affectés, sans m’être renseigné sur les symptômes antérieurs et sans avoir diagnostiqué par le toucher l’affection des viscères. Vous m’entendrez donc souvent maudire les premiers médecins qui ont osé se déclarer les chefs de la science médicale et qui ne veulent pas traiter les malades. La plupart de ceux-ci sont des empiriques et des méthodistes, et si vous leur dites qu il est quelquefois possible, d’après le teint seul, de diagnos-