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DES DIVERSES ESPÈCES DE PLEURÉSIES.

sentés longtemps, accompagnés, parfois de fièvres passagères, parfois de frisson, comme nous conjecturions à l’œsophage l’existence d’un abcès d’une coction difficile, au bout de quelque temps il arriva au malade même d’éprouver une sensation de rupture, à la suite de laquelle il vomit du pus immédiatement, le jour suivant et le surlendemain ; puis il lui survint successivement tous les autres signes de l’ulcération de l’œsophage. En effet, les aliments âcres, acides, salés et acerbes lui causaient au passage une sensation de mordication ou de constriction ; il souffrait à cet endroit, mais moins il est vrai, même s’il n’avalait rien ; car les aliments piquants et astringents rendaient le mordant de la douleur plus vif. Après un long espace de temps, cet homme en réchappa à grand’peine, grâce encore à sa jeunesse. Tous ceux qui étaient plus âgés que lui [et qui se trouvèrent dans le même cas] ont succombé. Toutes les personnes qui souffrent d’une affection de l’œsophage éprouvent une douleur manifeste dans le dos. La cause en est évidente pour vous qui avez vu ce canal étendu sur le rachis. II est clair que les malades vomissent le sang qui vient des vaisseaux de l’œsophage, de la même façon que s’il venait de tout autre vaisseau [de la poitrine]. Les vomissements de sang, à la suite d’une rupture, sont accompagnés de douleurs, et indiquent le lieu où la rupture a eu lieu. La même indication est fournie par les vomissements de sang, qui résultent d’une érosion ou corrosion (διάβρωσις ἢ ἀνάβρωσις), ou comme on voudra l’appeler. Ceux qui ont lieu par une simple ouverture de l’orifice des vaisseaux (ἀναστόμωσις[1]) ; sont complétement exempts de douleur, et se distinguent des autres par cette circonstance même, et parce qu’ils ne résultent ni d’un coup violent, ni d’une chute, ce qui est ordinairement le cas des ruptures. Parfois cependant, sans cause extérieure, il survient des ruptures de vaisseaux par pléthore. Les vomissements de sang à la suite d’érosion, sont précédés d’une ulcération, laquelle est produite par les ruptures des vaisseaux et par les flux d’humeurs malfaisantes, comme on en voit souvent survenir au derme.

  1. Voy. Dissertation sur la pathologie.