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DES LIEUX AFFECTÉS, V, v-vi.

narines ; et lorsque leurs réponses ne sont plus parfaitement sensées, ils cherchent des flocons et des fétus (crocidisme et carphologie) ; leur fièvre, plus sèche, n’éprouve de grands changements en aucun sens, tandis que, dans d’autres fièvres, si les accès sont très-violents, les déclins sont supportables. Citerai-je d’autres signes : que les malades ont la langue rugueuse, que parfois ils entendent de travers, et parfois tristement couchés répondent à peine, ou ne sentent absolument aucune douleur à une partie quelconque qui serait affectée, même si on la touchait assez fortement. C’est ainsi que, graduellement, l’affection du cerveau engendre la phrénitis, mais aucune autre partie ne cause un délire continu, sinon le diaphragme. En effet, le délire est presque continu dans ce cas, aussi les anciens jugeaient-ils que l’inflammation de cette seule partie produisait la phrénitis, et l’ont-ils nommée phrènes, dans l’opinion qu’elle a de l’influence sur la partie pensante. Le délire produit par cet organe se distingue de la phrénitis par les symptômes des yeux, par l’écoulement du nez et par le mode de la respiration. En effet, dans la phrénitis qui tient à l’encéphale, la respiration est toujours grande, et se fait à de longs intervalles ; dans la phrénitis qui dépend du diaphragme, elle est inégale, tantôt courte et fréquente, tantôt grande et gémissante. Au début de l’inflammation du diaphragme et avant le délire, la respiration est petite et fréquente, à l’inverse de ce qui a lieu dans les affections de l’encéphale, lesquelles sont précédées d’une respiration grande et rare.

En résumé, parmi les symptômes signalés tout à l’heure comme précédant la phrénitis, aucun ne se présente, ou il ne s’en présente que peu au début de l’inflammation du diaphragme. Au contraire, la contraction de l’hypochondre est un caractère qui se présente dès le début des affections du diaphragme, et un de ceux qui surviennent ultérieurement dans les affections de l’encéphale quand l’affection est déjà déclarée et non plus commençante. La chaleur aussi est plus forte à la tête et au visage chez ceux dont le délire vient de la tête même. Pour les autres affections du diaphragme, soit primaires, soit sympathiques, les unes sont étrangères à notre sujet, c’est-a-dire celles où le lieu affecté est rendu manifeste, tant par les autres symptômes que par les abcès qui y surviennent ; les autres ont été exposées dans le livre précédent (chap. ix et x).