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DES LIEUX AFFECTÉS, V, v.

ce point, semblables aux pleurésies sans crachat. Elles se distinguent aisément de ces dernières par l’absence complète de toux, tandis que la toux est sèche dans les pleurésies sans crachat, par ce fait que le pouls n’éprouve absolument ni tension ni dureté, et, de plus encore, en ce que la fièvre n’est pas aussi aiguë. Les malades sont moins tourmentés par la dyspnée ; il en est qui souffrent quand on presse extérieurement le lieu enflammé. Dans ce cas l’évacuation n’a pas lieu par les crachats, à moins que, dès le principe, il n’arrive au début, dans les cavités du thorax, quelque partie de l’humeur qu’a produite l’inflammation. Quand cette humeur est cuite, s’il n’y a pas eu résolution antérieure du pus qui s’est produit, ce pus vient aboutir au derme et on pratique une incision.


Chapitre v. — Des phrénitis qui dépendent de l’encéphale et de celles qui tiennent à l’inflammation du diaphragme. — Discussion incidente sur les mots φρένες et διάφραγμα. (Voy. à ce sujet la Dissertation sur les termes anatomiques.)


La limite (paroi) inférieure du thorax est appelée phrènes (φρένες, diaphragme) par tous les anciens, que ce terme se soit présenté sans raison à leur idée, ou, comme le pensent certaines personnes, parce que l’inflammation de cette partie trouble l’intelligence (φρόνησις) des malades. Depuis Platon on commence à l’appeler diaphragme, quoique lui, comme les autres auteurs anciens, le nomme encore phrènes ; il croyait, en effet, que chez les animaux cette partie fait l’office d’une cloison (διάφραγμα), puisqu’il sépare l’âme irascible enfermée dans le cœur de l’âme concupiscente contenue dans le foie. Après lui, les médecins s’accoutumèrent à le nommer diaphragme, sans s’inquiéter de l’ancienne dénomination, ce qu’ils firent aussi pour la moelle dorsale. En effet, le nom de la substance propre de celle-ci est moelle, comme le nom de l’organe actuellement en question est phrènes. Pour la distinguer, on lui ajouta le surnom de dorsale, de cervicale, de spinale, de lombaire ; plus tard, presque tout le monde s’habitua à l’appeler simplement la dorsale (νωτιαίος). Ici encore, délaissant le nom de phrenes, on se sert de celui de diaphragme. Aristote[1]

  1. Dans Hist. des anim., I, xvii, il se sert du mot φρένες, et dans III, i de ὑπόζωμα.