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DES LIEUX AFFECTÉS, V, iv.

quent que du sang provenant des blessures a coulé dans l’intervalle du thorax et du poumon. Dans les empyèmes aussi, on voit le pus arrêté en cet endroit, et craché en toussant. Il est conforme à la raison que les crachements de sang et de pus venant du thorax aient lieu de la même façon. Érasistrate, recherchant les voies que suivent les crachats, écrit des choses incroyables dans son livre Sur la sortie du sang.

Le passage est tel : « Voici la route suivie par les humeurs qui de ces lieux remontent pour être rejetés. De l’artère adjacente au rachis (aorte), sortent de chaque côté des ramifications de vaisseaux, aussi bien à droite qu’à gauche (art. intercostales). Celles-ci, se subdivisant considérablement dans les parties voisines, arrivent à n’être plus perceptibles aux sens. Lors donc que ce sang s’égare dans ces artères (Voy. Dissert. sur la phys. et la pathol.), parfois il remonte par l’artère vide aux lieux voisins du poumon et par les attaches qui réunissent le poumon à l’artère au niveau du rachis, car c’est encore une voie que suivent les épanchements pour venir au poumon. Nous avons dit plus haut comment du poumon ils remontent pour être expulsés. »

Dans ce passage Érasistrate indique clairement que les artères détachées de la grande artère vers chacun des espaces intercostaux, ayant reçu du sang par les orifices qui aboutissent à la partie enflammée, le reportent à la grande artère dérivée du cœur et étendue le long du rachis. De cette artère, il remonte aux parties voisines du poumon, dit-il, sans ajouter comment cela se fait et par quelles voies, mais il écrit immédiatement après : « et par les attaches qui réunissent le poumon à l’artère au niveau du rachis. » Car c’est encore là, dit-il, une voie que suivent les épanchements pour venir au poumon. Mais comment cela s’opère-t-il et par quelles attaches ? c’est ce qu’il n’ajoute même pas en cet endroit. La question demeure donc toujours au même point, Érasistrate n’ayant répandu sur elle aucune clarté, bien qu’il eut promis une explication claire dans tous ses traités et dans ce livre même qui a pour titre : De la sortie du sang. On trouvera l’explication d’autant plus mauvaise qu’Érasistrate lui-même la soupçonne d’être telle. C’est donc avec intention qu’il semble se servir de termes obscurs afin de paraître dire quelque chose, en ne disant rien du tout. En effet, il laisse son explication au point même en question ; il dit