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DES LIEUX AFFECTÉS, V, iii-iv.

rier le pouls, chacune selon sa nature. Nous en avons indiqué les différences dans un des traités Sur le pouls[1]. Quant aux dyscrasies graves, celles qui sont propres aux parties homoïomères ne sont pas suivies d’une mort rapide ; dans les dyscrasies organiques, la mort est instantanée, et annoncée par des signes préalables, parmi lesquels se trouve celui-ci, indiqué par Hippocrate (Aph., II, 41) : « Les personnes sujettes à des défaillances fréquentes et graves, survenant sans cause apparente, meurent subitement. » Un autre signe, ce sont les palpitations de cœur se produisant seules, ou accompagnées d’un mouvement du cœur qui semblerait s’agiter dans un liquide. Rien d’étonnant qu’il s’accumule dans la tunique qui enferme le cœur (péricarde) une quantité d’humeur telle qu’elle l’empêche de se dilater. En effet, en disséquant des animaux, nous avons souvent trouvé dans le péricarde une humeur abondante, semblable à de l’urine. — Un certain singe, que nos affaires ne nous avaient pas permis de disséquer, devint de jour en jour plus maigre. Après sa mort, nous trouvâmes toutes les autres parties de son corps saines ; mais dans la tunique du péricarde, il existait une tumeur contre nature, renfermant une humeur semblable à celle des hydatides. — Sur un coq, nous ne trouvâmes pas d’humeur, mais dans le péricarde il existait une tumeur squirrheuse, qui ressemblait à plusieurs membranes épaisses superposées. Il est donc vraisemblable que chez l’homme il survient des productions de cette espèce. — Nous vîmes des gladiateurs, manifestement atteints d’une inflammation du cœur, mourir de la même façon que les gens atteints de symptômes cardiaques. Si donc la blessure pénètre jusqu’à l’une des cavités du cœur, on meurt à l’instant d’un épanchement de sang, surtout quand c’est la cavité gauche qui se trouve blessée. Si la blessure n’a pas pénétré dans la cavité, mais s’est arrêtée à la substance du cœur, on a vu des individus qui survivaient, non-seulement le jour où ils avaient été blessés, mais encore la nuit suivante, la mort survenant par suite de l’inflammation. Tous conservent leur raison tant qu’ils vivent ; ce fait même témoignant en faveur de la vieille croyance, qui ne veut pas que l’âme rationnelle se trouve dans le cœur. On a vu beaucoup de jeunes gens et d’hommes sur

  1. Des pronostics tirés du pouls, III, i et suiv.