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DES LIEUX AFFECTÉS, IV, xi.

début de la fièvre. Alors la fièvre n’étant plus revenue, il reprit ses occupations de chaque jour comme auparavant ; mais en se touchant l’artère au carpe, il s’étonna de cette irrégularité persistante du pouls. Me rencontrant un jour, il me tendit la main en riant, et me pria de lui tâter le pouls ; et moi, souriant : « Quelle est l’énigme que tu me proposes, » lui dis-je ? Et lui, riant encore, me supplia de lui tâter le pouls. Je trouvai une grande irrégularité du pouls, non-seulement dans l’ensemble des pulsations qu’on nomme systématique, mais encore dans une seule dilatation de l’artère. Surpris de le voir vivre encore avec un pouls semblable, je lui demandai s’il n’éprouvait pas de gêne dans la respiration. Il déclara n’éprouver aucune gêne sensible. J’observai si quelque changement survenait, lui touchant constamment l’artère du carpe pendant six mois. Comme il demandait au commencement de quelle diathèse je le supposais atteint, et de quelle façon elle pouvait amener un pouls semblable sans fièvre, je lui répondis que, dans mon traité Sur les [causes du] pouls (II, i), j’avais indiqué une semblable irrégularité. Je crois, en effet, qu’elle résulte d’un rétrécissement des grandes artères du poumon (de la valvule mitrale ?). « Mais, lui dis-je, le rétrécissement ne saurait devenir la cause de l’inflammation du viscère qui existe chez toi ; car tu aurais la fièvre. Il reste à supposer que l’obstruction causée par des humeurs liquides visqueuses et épaisses, ou la formation d’un tubercule cru a produit chez toi une semblable diathèse. — J’aurais donc, reprit-il, une orthopnée asthmatique. — Ce que tu dis, répliquai-je, est vraisemblable, et néanmoins n’est pas exact ; car une telle orthopnée résulte bien d’une telle cause, quand l’humeur visqueuse et épaisse s’amasse, non dans les artères lisses, mais dans les trachées. » Je lui prescrivis donc d’adopter un régime tout à fait semblable à celui des asthmatiques, et d’employer des médicaments ayant la même propriété que ceux dont ils usent. Après un intervalle de six mois, comme je l’ai dit, il éprouva une dyspnée assez légère avec une courte palpitation de cœur, d’abord une fois, puis trois, quatre ou plus encore, la dyspnée ayant augmenté jusqu’au quinzième jour environ. Alors soudain la respiration devint très-pénible ; il perdit ses forces, et mourut promptement, comme d’autres individus atteints d’affections du cœur, dont il sera parlé dans le livre suivant.