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DES LIEUX AFFECTÉS, IV, ix-x.

stance propre. Or, nous avons démontré dans le traité Sur la voix (ouvrage en partie perdu), que la matière de cette fonction est, pour parler génériquement, l’expiration, et selon l’espèce et la variété propre, l’exsufflation, qui est une émission précipitée du pneuma produite par l’action des muscles intercostaux (voy. t. I, p. 466). C’est ainsi que les blessures graves du thorax, ou généralement les paralysies d’une partie du thorax, font d’abord que l’animal perd la moitié de sa respiration, et accidentellement la moitié de sa voix. Pour les lésions de la voix résultant de l’apoplexie, du carus, de l’épilepsie et du catoché, elles surviennent par une raison commune aux actions volontaires, que les premières parties de la moelle soient seules affectées, ou que l’encéphale soit affecté avec elles. Par suite de la relation qui existe entre ces cinq actions, l’expiration, l’exsufflation sans bruit (ἄψοφος), l’exsufflation bruyante, la voix, le langage, toutes sont compromises par la lésion de la première citée, aucune ne l’est par la lésion de la dernière. Avec la deuxième, les trois suivantes sont lésées ; avec la troisième, les deux dernières le sont ; avec la quatrième, la dernière seule est lésée. En effet, si l’animal ne respire absolument pas, soit par les deux côtés du thorax ou par un seulement, dans le premier cas il ne tardera pas à être suffoqué ; dans le second, il sera réduit à une moitié de respiration et de voix, ayant perdu désormais l’autre moitié des deux actions, dont je nomme l’une ordinairement exsufflation sans bruit, et l’autre exsufflation bruyante. Si l’expiration est conservée, et que l’exsufflation ait péri, les trois autres actions périssent aussi, l’exsufflation bruyante, la voix et le langage. Semblablement, la perte de la voix entraîne celle du langage. Pour nous qui connaissons les muscles qui exécutent ces actions, nous pourrons calculer quels sont ceux d’entre eux qui éprouvent une affection propre, et quels sont ceux dont la fonction a été lésée accidentellement. Si vous avez oublié ce que révèlent les dissections, le traité Sur les causes de la respiration et celui Sur la voix vous le rappelleront. J’en ai également parlé dans le second livre de l’ouvrage Sur l’anatomie des animaux vivants (ouvrage perdu). En effet, l’expiration est produite par la contraction de tous les muscles du thorax ; l’exsufflation, qui est une expiration violente, est produite principalement par les muscles intercostaux ; l’exsufflation bruyante par