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DES LIEUX AFFECTÉS, IV, vii-viii.

antérieurement crachait souvent, par intervalles, un peu de sang en toussant, vient, en effet, plus tard, sans être tombée d’un lieu élevé, sans avoir été violemment renversée dans des luttes ou à la palestre, et sans que le thorax ait été soumis à une pression, si, dis-je, cette personne vient à éprouver une hémorrhagie abondante avec toux, il est à supposer qu’une notable érosion occasionne ce crachement considérable avec toux. Un grand nombre des individus ainsi affectés ont rejeté avec le sang quelques parties du poumon. Il convient donc d’examiner avec soin si les crachats sont écumeux. C’est là, en effet, l’indication la plus positive que le crachat vient du poumon, comme aussi lorsqu’une portion d’une bronche ou d’une tunique, soit d’artère, soit de veine, ou de la chair même du poumon, est expectorée. Rien de ceci n’apparaît chez ceux qui en toussant crachent du sang de la cavité du thorax (voy. V, iv), de même qu’il n’est pas ressenti de douleur quand l’expectoration vient, du poumon, qui reçoit deux nerfs très-petits de la sixième paire (9e-11e des modernes, 8e de Willis) issue de l’encéphale, nerfs qui se distribuent dans la membrane externe dont il est enveloppé (plèvre pulm.), sans pénétrer dans la profondeur du viscère, Au thorax, comme vous savez, il existe beaucoup de nerfs dans les parties internes, beaucoup de nerfs dans les parties externes, ce qui le rend très-promptement sensible aux diathèses douloureuses. Mais comme le thorax est musculeux et osseux, tandis que le poumon n’est pas comprimé et qu’il est poreux, la douleur du thorax est obscure, celle du poumon est peu émoussée. Si donc une personne, souffrant dans une partie quelconque du thorax, crache en toussant un sang qui n’est ni abondant ni rouge, mais déjà noirâtre et grumeux, cela indique une affection primaire du thorax. Le sang remonte par le poumon comme le pus dans les affections purulentes, pus qui est reconnu par les sens comme étant renfermé entre le thorax et le poumon. Ainsi encore le crachat apparaît coloré d’une manière quelconque dans les pleurésies, et cela sera énoncé dans le livre suivant, qui est le cinquième (chap.  fine ; cf. II, x). Actuellement il convient de parler des ulcérations qui surviennent dans les crachements de sang.

Ces ulcérations se produisent particulièrement dans le poumon et paraissent incurables aux uns, difficiles à guérir à d’au-