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DES LIEUX AFFECTÉS, IV, vi-vii.

partiennent aux parties naturelles, les autres aux parties contre nature ; ce sont certaines tumeurs qu’Hippocrate (Artic., § 41, p. 180) a comprises sous une seule dénomination, celle de tubercules crus (φύματα). Il est donc évident que, dans le cas cité plus haut et consigné au IIe livre des Épidémies, les muscles situés sur les vertèbres du cou étaient affectés ; peut-être existait-il aussi quelque tumeur tuberculeuse qui leur faisait cracher, dit-il, des matières cuites par suite de la coction des tubercules. Pourquoi donc Hippocrate désigne-t-il les malades comme atteints d’angine (κυναγχινούς) ? Est-ce parce que leur respiration était pénible, sans qu’il y eût affection du thorax et du poumon ? C’est par ce concours de symptômes, en effet, que l’angine diffère de la péripneumonie et de la pleurésie, et de plus encore par un sentiment de resserrement dans le pharynx (λάπυγξ. Voy. Dissert, sur les termes anat.). On voit donc Hippocrate, dans le traité Sur le pronostic (§ 23), désigner, sous le titre d’angines (κυνάγχαιesquinancies) toutes les affections de cette région qui produisent une gêne dans la respiration. Voici comment il s’exprime : « Les esquinancies sont très-dangereuses ; elles enlèvent rapidement le malade. Celles qui ne produisent aucun symptôme manifeste au pharynx, au cou, et qui cependant causent une douleur très-vive et une orthopnée, étouffent et font périr le malade le jour même, le second, le troisième ou le quatrième jour. Celles qui, du reste, causent une douleur semblable, mais qui occasionnent des tuméfactions et des rougeurs dans le pharynx, sont excessivement pernicieuses ; elles durent néanmoins un peu plus que les précédentes. Celles où le pharynx et le cou se couvrent de rougeurs sont plus longues encore ; c’est de celles-ci principalement qu’on réchappe, lorsque le cou et la poitrine présentent des rougeurs, et que l’érysipèle ne rentre pas. » D’après cela, on comprendra que, sous le seul titre de cynanches (κυνάγχαι), il désigne toutes les affections de cette région qui lèsent en quelque manière la respiration, les médecins n’étant pas encore habitués à nommer l’une cynanche par un c, l’autre synanche par un s ; et encore bien moins à dire parasynanche ou paracynanche. En effet, la recherche superflue dans les dénominations a commencé avec l’insouciance pour les choses ; en conséquence, on a forgé quatre noms : on a dit et écrit que ces noms désignaient quatre affections, et on n’en a pas donné