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AFFECTIONS DES ORGANES RESPIRATOIRES.

seulement en vue d’une respiration grande ou très-grande que nous mettons en action ces muscles, mais encore pour d’autres causes que nous avons énumérées dans l’ouvrage Sur la difficulté de respirer.

Présentement, il suffira d’emprunter au passage cité d’Hippocrate ce qu’il est nécessaire de savoir pour le diagnostic des lieux affectés, en nous rappelant d’abord l’explication que nous donnions dans nos commentaires Sur les articulations, à propos de ce texte (§ 41, t. IV, p. 176) : « Toutes les vertèbres du rachis qui, par suite de maladies, sont déplacées et font saillie en arrière (ἐς τὸ κυφόν). » Il prétend que non-seulement le déplacement des vertèbres en avant, qui se nomme lordose (λόρδωσις), mais encore celui des vertèbres en arrière (scoliose), sont une conséquence des tensions qui s’opèrent à la région interne (antér.), les corps nerveux (ligaments) étant tirés [ou les vertèbres repoussées] par les tumeurs contre nature qui se produisent en cet endroit[1]. Lors donc que la traction a lieu dans une seule vertèbre, il arrive que le rachis éprouve une lordose en cette partie, et de même pour deux ou trois vertèbres de suite. Lorsque, entre les vertèbres tirées, une ou plusieurs vertèbres demeurent exemptes d’affection, ces vertèbres se creusent. Lorsque la traction a lieu dans un des côtés, le droit ou le gauche, le rachis éprouve une scoliose de ce côté (incurvation latérale), Hippocrate, dans le passage cité (Épid.), a mentionné les deux cas : la lordose, quand il dit : « les vertèbres déplacées en ligne directe (c’est-à-dire d’arrière en avant) ; » la scoliose, quand il dit : « les vertèbres inclinant d’un côté ou de l’autre. » Il ajoute une remarque très-exacte et très-utile à lire

  1. Ταῖς εἶς τὴν ἔξω χώραν τάσεσιν ἕπεσθαι, vulg. et ms. — Hippocrate (§ 41, p. 182) dit « toutes (πάντα) les espèces d’incurvations ou, du moins la plupart, sont dues à des agglomérations qui se forment en dedans (ἔσωθενà la région antér.) du rachis. » On comprend en effet théoriquement que des tumeurs placées en avant du rachis puissent, soit en tirant soit en repoussant, produire une déviation quelconque des vertèbres. Le texte de Galien est donc d’une part trop exclusif, car il ne s’agit pas seulement de tension dans le passage que je viens de rappeler, et de plus Hippocrate dit expressément toutes les espèces de déviations ; enfin il place les agglomérations en avant (ἔσωθεν) ; je crois donc qu’il faut étendre le sens du passage de Galien, substituer ἔσω à ἔξω, et interpréter non pas les tensions qui s’opèrent vers, mais qui s’opèrent à (cf. Util. des parties, XII, xii).