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DES AFFECTIONS DES YEUX.

de l’orifice de l’estomac ; si les visions persistent également, il faut savoir que ce n’est pas par sympathie, mais par une diathèse propre qu’elles surviennent dans les yeux, et plus encore s’il en est ainsi quand on a pris le médicament à l’aloès. J’appelle médicament à l’aloès ce que d’autres nomment le médicanent sacré amer (ἱερὰ πικρά), ou simplement le médicament amer. En effet, si les visions tiennent à une affection de l’orifice de l’estomac, le malade sera guéri très-aisément en prenant ce médicament, en même temps que la bonne coction reparaîtra ; de sorte que le diagnostic du lieu affecté et sa guérison concorderont. Quant à moi, vous le savez, j’ai guéri par lettres des individus vivant en pays étrangers et ayant cette affection même, sans les avoir vus, J’ai reçu de l’Ibérie, de la Celtique, de l’Asie et de la Thrace des lettres où l’on me priait d’envoyer quelque médicament, si j’en connaissais d’estimé, contre des commencements de suffusion, sans aucune lésion apparente de la pupille. Je demandai qu’on m’informât d’abord si l’affection datait d’un temps éloigné, et je réclamai les autres indications que j’énoncais un peu plus haut. Quand on m’eut répondu que six mois ou un an s’étaient écoulés depuis le début de l’affection, que les deux yeux également se trouvaient mieux à la suite de bonnes coctions, et qu’ils étaient irrités à la suite de mauvaises coctions et des picotements de l’orifice de l’estomac ; que les vomissements de bile les soulageaient, je ne fis plus désormais aucune question sur la pupille, parfaitement convaincu qu’il existait une affection, non pas propre aux yeux, mais dépendant sympathiquement de l’estomac. J’envoyai le médicament amer ; je guéris d’abord et avant tout ces gens, puis par eux beaucoup d’autres de leurs compatriotes. En effet, tous ceux à qui j’en envoyai, étant instruits, et sachant, par les détails que je leur avais donnés, diagnostiquer les lieux affectés, les reconnurent désormais avec facilité eux-mêmes, et prescrivirent avec succès le médicament amer.

Des symptômes semblables à ceux des suffusions se présentent souvent, l’encéphale étant affecté, dans certaines formes ou variétés de phrénitis, comme vous voudrez les nommer, car il existe deux phrénitis simples, et une troisième, composée des deux autres. En effet, certains phrénétiques, ne commettant absolument aucune erreur dans le discernement sensible des choses visibles,