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DES AFFECTIONS DU SYSTÈME NERVEUX.

région de la moelle est affectée, les parties de la face demeurant sans lésion. Si ces parties aussi sont affectées, cela montre que l’affection réside dans l’encéphale. Quand une partie est agitée de convulsion, nécessairement le nerf moteur de cette partie ou ses muscles sont affectés. Celui donc qui, par les dissections, connaît l’origine des nerfs allant à chaque partie, guérira mieux chaque partie privée de sensibilité et de mouvement. Cette question, laissée sans solution par Hérophile et Eudème, les premiers médecins, après Hippocrate, qui ont écrit soigneusement sur la dissection des nerfs, n’a pas suscité de médiocres recherches chez les médecins désireux de connaître comment certaines paralysies détruisent la sensibilité seule, d’autres le mouvement volontaire seul, et d’autres les deux facultés à la fois. Le mot paralysie s’applique principalement à la perte du mouvement. On dit des parties qui ont perdu la sensibilité, qu’elles sont insensibles, mais non pas ordinairement qu’elles sont paralysées. Cependant, certaines personnes appellent de nos jours cette affection paralysie de la sensibilité. Pour vous, ainsi que nous vous y exhortons toujours, laissez chacun donner le nom qu’il veut, et proposez-vous de découvrir le lieu affecté en même temps que la diathèse qui s’y est formée. En effet, sans une connaissance certaine de ces points, il sera impossible de soigner convenablement les parties lésées dans leur mouvement ou leur sensibilité.

Le sophiste Pausanias, originaire de Syrie, et venu à Rome, avait les deux petits doigts et la moitié du doigt du milieu de la main gauche, dont la sensibilité, émoussée d’abord, s’était plus tard perdue complétement, les médecins l’ayant mal soigné. Quand je le vis, je l’interrogeai sur tout ce qui lui était arrivé antérieurement, et j’appris, entre autres détails, que, sur la route, étant tombé de son char, il avait reçu un coup à la naissance du dos ; que la partie frappée avait été promptement guérie, tandis que peu à peu la lésion de la sensibilité des doigts avait augmenté. J’ordonnai que les médicaments qu’on lui posait aux doigts lui fussent appliqués sur la partie frappée, et de cette façon il guérit rapidement. — Les médecins ne savent même pas qu’il y a pour les nerfs des racines spéciales, qui se distribuent au derme du bras entier, et auxquelles il doit la sensibilité, et d’autres qui donnent naissance aux rameaux qui meuvent les muscles.