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DES AFFECTIONS DU SYSTÈME NERVEUX.

à l’occasion de petites causes, en sorte qu’on ne peut supporter ni bruit, ni voix un peu forte, ni lumière éclatante, ni mouvement autour de soi, mais qu’on veut rester couché dans le calme et dans l’obscurité, à cause des graves souffrances qu’on ressent. Il semble aux uns qu’on les frappe comme à coups de marteau ; d’autres sentent dans la tête une sorte de compression ou d’écartement ; chez plusieurs la douleur pénètre jusqu’aux racines des yeux ; et cependant ces accès si violents laissent des répits, comme chez les épileptiques, et les intervalles s’écoulent exempts de toute douleur. Il est donc évident que cette maladie présente une sensibilité de la tête analogue à celle qu’elle offre dans les céphalalgies, mais les parties affectées dans la céphalée arrivent à un degré d’affaiblissement plus grand que dans les céphalalgies. Il existe une différence entre les individus sujets aux céphalalgies ; les uns ont une tête très-disposée à la plénitude et une complexion générale propre à la remplir ; d’autres ont les parties qui doivent être le siége de la céphalée très-disposées à en être affectées. De tels individus, si leur régime est mauvais, sont pris de céphalée. Il n’est donc pas invraisemblable que chez certains d’entre eux les méninges de l’encéphale et chez d’autres le péricrâne soient affectés de douleurs. La différence entre eux consiste en ce que les douleurs parviennent ou ne parviennent pas aux racines des yeux. Il est naturel, en effet, que chez ceux dont la diathèse est en dedans du crâne, la douleur parvienne à la racine des yeux, puisqu’il y arrive des prolongements de l’encéphale, des deux méninges, et aussi des vaisseaux qu’ils renferment.

Parmi ceux dont la douleur occupe une moitié de la tête, ce qu’on nomme ordinairement migraine (ἡμικρανία), il en est qui ressentent à la partie externe de la tête la douleur qui, chez d’autres, pénètre profondément dans le crâne. Ce qui distingue l’une et l’autre partie de la tête, la gauche et la droite, c’est la suture étendue dans sa longueur (suture sagittale), suivant laquelle s’étend à l’intérieur la ligne qui sépare l’encéphale par le milieu, ligne à laquelle remonte la cloison des deux ventricules antérieurs. Les corps de nature propre à remplir la tête sont ceux dans lesquels s’engendre un pneuma vaporeux, chaud, ou dans lequel des superfluités bilieuses s’amassent à l’orifice de l’estomac. Ces espèces