Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/574

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
562
DES LIEUX AFFECTÉS, III, ix.

les faits évidents que révèle la dissection, il paraissait naturel que l’âme même résidât dans le corps de l’encéphale par qui se produit le raisonnement et se conserve le souvenir des images sensibles. Le premier organe de l’âme pour toutes les fonctions sensitives et volontaires était le pneuma des ventricules de l’encéphale et surtout du ventricule postérieur. Il ne convient cependant pas de négliger le ventricule moyen comme peu essentiel. Beaucoup de bonnes raisons nous conduisent à prendre ce ventricule en considération comme très-important, de même qu’elles nous éloignent des deux ventricules antérieurs. Une connaissance exacte de ces ventricules ne nous est d’aucune utilité pour la découverte du traitement ; car il suffit, pour appliquer un traitement convenable, de savoir que le lieu affecté est l’encéphale et qu’une humeur visqueuse ou épaisse est accumulée dans ses cavités.

Si ces notions sont utiles pour les traitements en vue desquels nous cherchons aussi les lieux affectés et les diathèses qu’ils présentent, il en est de même des différences entre les humeurs épaisses, soit phlegmatiques, soit atrabilaires. Rappelons-nous à ce propos que si nous employons simplement le mot phlegme, nous désignons par ce mot toutes les humeurs dans le tempérament desquelles dominent l’humide et le froid, et que nous appelons atrabilaires celles où dominent le sec et le froid, bien qu’il existe, eu égard à la division des humeurs phlegmatiques et atrabilaires, de grandes différences spéciales pour chacune de ces deux classes. Le phlegme que beaucoup de gens excrètent journellement en crachant, en vomissant et en se mouchant, est plein d’un pneuma vaporeux, en sorte que, même pour les sens, il n’est pas homoïomère. Un autre phlegme paraît homoïomère, peut-être ne l’est-il pas ; de cette espèce est l’humeur crue de l’urine qui se précipite et celle qui est appelée par Praxagore humeur vitreuse. De cette espèce encore est la salive qui n’est pas trop humide ni trop aqueuse. Mais la salive même, et peut-être aussi toute espèce de phlegme, paraît au goût avoir plusieurs qualités. En effet, souvent nous sentons nettement dans la bouche une salive âcre, acide et salée, de même qu’elle est sans qualité et comme aqueuse au goût lorsque notre santé est irréprochable. De même encore l’humeur atrabilaire présente des différences nettes dans sa manière d’être, l’une, comme si elle était la lie du sang,