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DES LIEUX AFFECTÉS, III, viii.

decins, à l’exception de ceux qui, par rivalité de secte, parlent autrement qu’ils ne pensent au fond de l’âme. Il s’agit, et ce n’est pas une petite affaire, de trouver quelle est la dyscrasie. Il faut pour cela un médecin studieux, observateur, et non pas occupé à rechercher comment il contredira les beaux développements des anciens sur l’âme dirigeante, chose si claire que la foule même est convaincue qu’elle réside dans l’encéphale. On pardonnerait peut-être à des philosophes retirés dans leur coin de se tromper à cet égard ; mais chez des médecins vieillis dans la pratique, une pareille opiniâtreté ou impudence, pour parler plus franchement, est impardonnable. Ne les voit-on pas, en effet, faire des affusions d’eau sur la tête de tous les malades privés de sommeil, atteints de délire, de phrénitis et de léthargus ? C’est encore à la tête que, dans les lésions de la mémoire, Archigène applique ses remèdes ; et s’il essaye la guérison d’un fou, c’est sur la tête qu’il concentre ses efforts. Quel médecin exercé soigne autrement l’apoplexie, l’épilepsie, l’opisthotonos, l’emprosthotonos ou le tétanos ? Qui soigne autrement l’hémiplégie ? Est-ce que dans les affections convulsives, tous les médecins, instruits par l’expérience même, ne dirigent pas sur les premières vertèbres la partie essentielle du traitement ? de même que dans la paralysie de la moitié du corps, ils réchauffent l’encéphale. C’est ainsi encore qu’ils soignent l’apoplexie comme l’épilepsie. Quand cette dernière affection est produite par quelque désordre du côté de l’orifice de l’estomac ou de quelque autre partie, c’est celle-ci qu’ils soignent essentiellement et avant tout ; mais ils prédisposent encore l’encéphale à résister à toute affection. Voilà ce que vous devez examiner de préférence. N’allez pas consulter les Dieux pour découvrir par la divination l’âme dirigeante qui apparaît si nettement à toutes les intelligences non perverties, non plus que le principe des nerfs ; mais instruisez-vous sur ces sujets auprès de quelque anatomiste.


Chapitre viii. — Que les convulsions ont leur origine dans le cerveau ou la moelle et non dans le cœur. — Qu’elles sont engendrées par la réplétion ou la vacuité.


Il est des gens qui sont persuadés que le cœur est le principe des nerfs, faute de savoir distinguer un ligament d’un nerf, l’homonymie contribuant encore à cette erreur ; car beaucoup de méde-