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DES AFFECTIONS DU SYSTÈME NERVEUX.

sachant qu’il existe huit dyscrasies dans chaque partie, quatre simples et quatre composées, je désirais connaître laquelle de celles-ci Archigène déclarait être la cause de la lésion de la fonction : s’il pensait que le froid ou l’humide du pneuma du cœur, ou la combinaison du froid et de l’humide, ou celle du sec et du froid pût produire cette affection : car il était évident pour moi qu’il ne l’attribuerait pas à la chaleur. Je vais dire ce qu’il m’advint, pour ceux qui ont abjuré, comme je l’ai dit, la partialité de secte, je vais le dire après avoir transcrit les premières phrases du livre dans lequel Archigène a décrit l’absence de mémoire (ἐπιλησμοσύνη), ou l’oubli (λήθη), ou la perte, ou la lésion de la mémoire, ou comme on voudra appeler l’affection, ou sinon l’affection, du moins la maladie, ou le symptôme, ou l’infirmité dont il s’agit dans ce livre. Ces disputes de mots sont, en effet, le sujet des recherches des sophistes, lesquelles recherches ont peu ou point de rapport avec le traitement.

Pour éclaircir ce que j’ai à exposer, il est nécessaire de prévenir que, parmi les onze livres d’Archigène, écrits sous forme de lettres, il existe, dans le premier livre, une lettre adressée à Marsus, dans laquelle il lui donne des conseils sur les moyens de faire recouvrer la santé à son père. Au début de cette lettre, après le préambule, quand il commence à aborder le traitement, il écrit en propres termes : « J’ai la conviction qu’il est bon de saigner une fois modérément au début de l’affection, et même de répéter la saignée, à moins qu’un état de faiblesse ne s’y oppose. » Il ajoute ensuite : « Je crois qu’il est à propos d’employer les irrigations, les fomentations de tout le corps, de raser la tête, d’appliquer des ventouses. » Cette lecture me causa une espèce de vertige, car je dois dire la vérité sans détour ; et comment n’aurais-je pas été troublé, quand je voyais tomber l’espoir que j’avais mis dans un homme qui mille fois, dans ses nombreux ouvrages, avait proclamé nécessaire la science des lieux affectés et de leurs diathèses pour le traitement convenable des maladies ? Comment cette connaissance aurait-elle cette utilité, si l’on n’y trouvait une indication pour découvrir les médicaments ? Quel raisonnement plausible, ô Archigène, peut nous persuader de porter nos efforts vers la tête en négligeant le cœur, quand la mémoire est une de ses opérations innées, et la perte de la mémoire l’affection de la fonction elle-même ? En combattant cette diathèse,