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DES LIEUX AFFECTÉS, II, ix.

core : « la douleur qui s’enfonce est au voisinage d’un sinus. » En écrivant cela, il est allé contre la raison ; car le sinus est une cavité qui résulte de la séparation des parties primitivement unies ; or, quand la fluxion la remplit, les parties voisines se distendent, et les malades perçoivent une douleur tensive, douleur qui ne s’étend pas en longueur, mais qui est nettement circonscrite. Une fois que l’humeur est sortie de la solution de continuité, la douleur cesse immédiatement, à moins que les parties voisines, tendues et distendues outre mesure, ne soient affectées d’inflammation. Voilà donc ce qui est propre au sinus. Ce que dit Archigène est tout à fait différent, et il est difficile de savoir ce qu’il pensait en l’écrivant.

Ce qu’on lit à la suite est aussi embarrassant : « La douleur aiguillonnante (διακεντῶν), dit-il, n’a pas son siége dans les parties profondes. » Or, cela est de tout point contraire à ce qu’il a dit au commencement en ces termes : « La douleur aiguillonnante annonce que, des parties situées dans le lieu affecté, les unes souffrent, les autres non. » Cela implique que cette douleur peut se manifester dans la profondeur des parties, au voisinage même des os et dans les parties moyennes, cette douleur venant uniquement d’une humeur mordicante qui corrode quelqu’une des parties sensibles. — Quant à ce qui est écrit à la fin du passage : « La douleur déchirante est celle qui a son siége dans les sinus ; » s’il entend par douleur dilacérante (σπαράσσον), la même chose que douleur déchirante (διασπῶν), cela est faux, car il n’est pas vrai que cela ait lieu dans les sinus. S’il ne veut pas dire cela, mais autre chose, comment peut-on le savoir ? Voilà, le commentaire sur ce que renferme le passage cité d’Archigène.


Chapitre ix. — Examen d’un autre passage d’Archigène relatif aux douleurs du foie, de la rate, des reins, de la vessie et de l’utérus.


Venons à un autre passage d’Archigène, qui apprend à distinguer les parties affectées toujours par la différence des douleurs. Voici ce passage : « La douleur du foie est ductile (ὅλκιμος), fixe (ἐμπεφυκώς), accompagnée d’engourdissement et inflexiblement appesantie (ἀτειρότερον ἐγκείμενος). Celle de la rate n’est pas aiguë, mais elle donne une sensation de pesanteur et de tension semblable à une résistance opposée à l’écrasement ou à une certaine compres-