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DE LA DOULEUR COMME MOYEN DE DIAGNOSTIC.

au milieu des chairs (aponévroses ?) produisent des douleurs déchirantes (διασπῶντες), car elles sont nombreuses et se distribuent inégalement autour des chairs pour les envelopper[1]. Lors donc que des insertions opposées distendent ces chairs, il faut nécessairement que ces douleurs surviennent. À la suite d’exercices répétés, il se manifeste des douleurs produisant la sensation de tension et celle d’une plaie récente. Ces douleurs occupent tous les muscles dont les chairs font partie. Nous avons parlé suffisamment de ces douleurs dans notre traité Sur l’hygiène (voy. Dissert. sur la pathol.). Quant aux douleurs des membranes qui environnent les os, que ces douleurs soient profondes, c’est-à-dire qu’elles produisent une sensation douloureuse dans la profondeur du corps, au point de faire croire que ce sont les os mêmes qui souffrent, il n’y a là rien d’étonnant. Voilà pourquoi on appelle souvent ces douleurs ostéocopes : elles surviennent ordinairement à la suite d’exercices : aussi elles sont souvent causées par le froid ou la plénitude (pléthore).

« En ce qui concerne les veines, les douleurs qu’elles produisent, dit-il, sont pesantes (βαρεῖς) et accompagnées d’un sentiment de tiraillement en bas et d’obstruction uniforme. » Au commencement, en parlant de l’hémicrânie, il dit que les veines deviennent variqueuses : peut-être doit-on croire qu’il ne dit cela qu’en parlant de cette maladie. Toutefois, on doit savoir que la douleur propre aux artères et aux veines, le corps des vaisseaux étant étendu dans sa longueur, rappelle la sensation d’une corde, sans qu’il se manifeste aucune pesanteur. Quant à ce sentiment d’obstruction égale qui accompagnerait la douleur des veines, l’expression n’est pas parfaitement claire, le mot obstruction (ἐμπεπλάσθαι) ne pouvant se rapporter à aucun des accidents qui leur surviennent.

Il dit ensuite, en parlant des chairs, « qu’elles produisent des douleurs diffuses et plus lâches. » Or, d’une manière générale, aucune douleur n’est lâche ; mais peut-être a-t-il voulu dire que celles-là sont plus lâches qui sont accompagnées de moins de tension : en effet, les douleurs des vaisseaux et des membranes

  1. Par ce passage on voit qu’il s’agit évidemment du tissu cellulaire sous-cutané et du pannicule charnu propre aux animaux, pannicule que les anciens attribuaient gratuitement à l’homme et probablement aussi des aponévroses.