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DE LA DOULEUR COMME MOYEN DE DIAGNOSTIC.

douleur est particulière au colon (p. 513) ; on l’observe aussi à l’oreille, avec un certain battement, aux dents molaires, quelquefois même aux yeux ; mais il n’est pas vrai que la douleur fixe affecte les nerfs : elle s’étend, au contraire, le plus souvent des deux côtés, depuis les parties inférieures jusqu’aux parties supérieures de l’animal. Archigène dit ensuite que les nerfs sont affectés de douleurs pleines d’étroitesse, c’est-a-dire très-resserrées (par conséquent angoisseuses, στενοχωρίας πλήρεις), locution employée d’une façon affectée, et qui n’ajoute rien à ce qu’il dit immédiatement après, que ces douleurs ne sont point diffuses. En réalité, les nerfs n’ont point de douleurs diffuses, c’est-à-dire étendues en largeur, mais plutôt circonscrites, leur tension se faisant de haut en bas, et surtout vers le haut, jusqu’à la tête : c’est alors qu’ils donnent d’abord lieu à des spasmes et à des tétanos de tout le corps, sans qu’aucun de ces phénomènes puisse se manifester, dans aucune espèce de tension des nerfs, avant que la tête elle-même soit atteinte.

À la suite de ces paroles, Archigène a écrit, à propos des membranes, que « les douleurs, lorsqu’elles sont affectées, s’y étendent en largeur. » Cela est vrai ; mais il n’est pas vrai, comme il a déjà été dit, qu’elles aient quelque chose de semblable à l’hæmodie. II n’est pas rigoureusement vrai que les douleurs des membranes soient inégales : le contraire serait plus exact. II semble, en effet, d’après ce qu’Archigène dit lui-même, que les membranes infligent des douleurs uniformes, puisque leur corps entier est uniforme : ce n’est que par suite de leurs rapports avec les parties voisines qu’elles présentent quelque inégalité ; encore cela n’arrive-t-il que par accident. En effet, lorsque les parties voisines sont amenées et tendues vers l’endroit souffrant, nécessairement la douleur produite n’est pas uniforme. Suivant que la partie distendue est plus ou moins sensible, la douleur perçue est aussi plus ou moins vive ; et cette douleur doit varier de nature, suivant que la partie distendue touche l’os ou n’est pas en contact avec lui. C’est ainsi que, dans la pleurésie, quelques malades souffrent vers la clavicule, la membrane qui tapisse les côtes (plèvre) s’étendant jusqu’à cette région. Quelquefois la douleur gagne, non pas les clavicules, mais les hypochondres : alors la sensation douloureuse est due aux mouvements forcés du diaphragme pendant la respiration, mouvements plus sensibles dans le diaphragme que