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DES LIEUX AFFECTÉS, II, viii.

Pour le moment, poursuivons l’examen des autres espèces de douleurs dont Archigène a fait mention dans le passage transcrit plus haut.

Nous avons déjà démontré, d’une part, qu’il se trompe en soutenant que les douleurs avec engourdissement affectent les nerfs, et d’une autre, que l’engourdissement n’est pas une affection propre d’une partie, mais d’une cause et d’une diathèse. Il a fort bien dit que les nerfs sont le siège de douleurs accompagnées de tension dure ; mais il eût été mieux de dire simplement qu’il y avait sentiment de tension, sans parler de la dureté. Les douleurs des nerfs produisent, en effet, une distension violente qui va d’un côté à l’autre, attendu qu’elle a lieu de l’une à l’autre extrémité, c’est-à-dire du point d’origine au point de terminaison. Les choses se passent comme pour les cordes d’une cithare ; souvent elles se rompent, quand elles sont trop tendues : aussi les joueurs de cithare, en déposant l’instrument dont ils se sont servis, ont l’habitude d’en relâcher les cordes. Tout le monde sait que cette tension des cordes peut résulter manifestement de causes et de dispositions contraires ; soit que l’air ambiant les imbibe et les remplisse d’humidité, soit qu’il les dessèche d’une manière prononcée : une fois qu’elles ont atteint le dernier degré de tension, elles se rompent nécessairement, quel que soit d’ailleurs l’état de l’air ambiant. C’est donc avec raison qu’Hippocrate (Aph., VI, 39) attribue les spasmes à la vacuité et à la plénitude, ces états produisant la distension démesurée des nerfs.

En disant que les douleurs des nerfs sont profondes, Archigène a songé à la disposition de la plupart des nerfs. Dans la superposition des organes, les veines se trouvent toujours les premières ; viennent ensuite les artères ; après les artères se trouvent les nerfs ; et cela explique pourquoi les malades sentent la tension des nerfs à une certaine profondeur. Cependant beaucoup de tendons, qui sont des corps nerveux et qui ont quelquefois été appelés nerfs, occasionnent des douleurs superficielles et non profondes, s’il arrive qu’ils soient distendus : tels sont ceux, par exemple, qui servent à l’extension des doigts ; quant à ceux qui les fléchissent, ils sont aussi superficiels, comme les extenseurs, mais autrement disposés. Archigène dit que les douleurs des nerfs sont térébrantes (ἐμπεπαρμένοι) ; or, nous avons dit plus haut que cette espèce de