Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/529

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
517
DE LA DOULEUR COMME MOYEN DE DIAGNOSTIC.

ceux qui sont clairs par la raison et surtout par l’expérience. Ce jugement est difficile pour nous qui sommes obligés de nous en rapporter le plus souvent aux autres ; car ceux qui souffrent ne peuvent suivre leurs souffrances, à cause de l’abattement de leur âme, ou ne peuvent les exprimer lorsqu’ils les suivent, soit par impuissance complète de manifester par la parole ce qu’ils éprouvent (cela demande en effet une assez grande force), soit parce que leurs souffrances ne se peuvent en effet exprimer. Il faut par conséquent que celui qui veut décrire chaque espèce de douleur, les ait toutes éprouvées lui-même ; qu’il soit médecin, qu’il soit capable de les expliquer chez les autres, et qu’il ait suivi toutes les souffrances qu’il a pu éprouver, avec réflexion et sans défaillance de l’âme. Or, il n’est personne qui ait souffert dans le cours de sa vie tous les maux, à supposer même qu’il ait été très-maladif. C’est pourquoi je suis étonné lorsque je lis dans Archigène toutes les particularités des maladies qu’il a décrites ; il semble qu’il les ait toutes éprouvées, à sa manière de les décrire ; cependant il fut peu sujet aux maladies : je veux qu’il ait eu une partie de son corps plus faible que les autres, et malade ; il est certain qu’il ne les a pas eues toutes également malades, non plus qu’un autre mortel quelconque. On ne voit pas qu’un même homme ait simultanément la tête, la poitrine, le poumon, le foie, la rate, l’estomac, le jéjunum, le colon, la vessie faibles, et ainsi des autres parties. J’en conclus qu’Archigène semble avoir préféré suivre les conceptions de son propre raisonnement, que l’expérience des malades, qui racontent, comme ils peuvent, les différences des douleurs.


Chapitre viii. — Archigène a dit des choses vraies, claires, irrépréhensibles ; mais il a énoncé aussi des propositions obscures, imparfaites ou fausses. — Passage de cet auteur sur les douleurs considérées comme servant à indiquer les lieux affectés, et commentaire de Galien sur ce passage.


Pour nous rendre plus utiles aux amis de la science, prenons les propres paroles d’Archigène, en choisissant seulement ce qui est clair et qui mérite la confiance de ceux qui cultivent l’art, tout le reste, j’exhorte à le négliger. Donc Archigène, après avoir reproché à Asclépiade de soutenir que dans les affections arthritiques le nerf affecté est exempt de douleur, parce qu’il est insensible, tandis que la chair, bien qu’exempte d’affection, souffre cepen-